Originaire d’Australie, Soraya Zaman réside désormais à New York et se fait une joie d’appeler les États-Unis “sa maison”. C’est en honneur à son nouveau pays, et parce que l’artiste s’intéresse aux “notions de genre et de sexualité, à la documentation et l’exploration de la culture queer”, que la série American Boys est née.
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L’ouvrage se présente comme une ode aux différents visages que peut revêtir la masculinité, loin des idéaux passés d’une virilité exacerbée, particulièrement prégnante aux États-Unis. L’artiste a immortalisé par l’image et par les mots des personnalités différentes afin de constituer un objet permanent qui raconte le genre au XXIe siècle.
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Cheese | Bonjour Soraya, est-ce que tu peux me raconter la genèse de ce projet ?
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Soraya Zaman | L’idée de ce livre m’est venue pendant l’été 2016. À ce moment-là, je souhaitais explorer les expressions de transmasculinité pour des raisons personnelles, parce que le sujet me tenait à cœur et portait sur mes émotions et mon identité de genre.
Quel regard souhaitais-tu porter ?
L’idée est de mettre en avant et de partager des récits particuliers, de valider et de mettre au centre toutes les personnes que j’ai photographiées de façon positive. Il n’y a pas beaucoup de représentations transmasculines dans les médias et je voulais créer un objet qui sorte ces narrations importantes de domaines strictement numériques pour les amener vers quelque chose de plus permanent.
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Que voulais-tu transmettre à travers ce livre ?
Les images présentées sont un aperçu des vies des modèles à un moment précis de leur vie, de leur personnalité, de leur honnêteté, de leur humour, de leur beauté, de leur vulnérabilité, de leur force, etc. Elles informent et élargissent les compréhensions de l’identité de genre au-delà du modèle binaire, et de façon vraie et sincère. Ces photographies mettent au défi les perceptions des gens en ce qui concerne les rôles binaires traditionnels.
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Qui sont les personnes que tu as photographiées ?
Toutes les personnes présentes dans ce projet, je les ai découvertes sur Instagram et les ai contactées par messages privés. Les modèles présentés sont très différents et pourtant réunis par leur identité de genre. Chaque séance était une véritable collaboration entre moi et la personne que je photographiais.
Avant d’arriver, je leur demandais de penser à des endroits à côté de chez eux qui étaient importants pour eux ou qui rendraient bien en photo. Quand on se rencontrait, on passait beaucoup de temps à traîner et à parler. J’ai enregistré ces conversations et je les ai intégrées au livre. Le reste de la journée était passé à discuter et à prendre des photos jusqu’à ce que le soleil se couche. Chaque jour était un nouveau mystère et était complètement imprévu. C’était un processus vraiment amusant et captivant !
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Pourquoi t’être concentré·e sur les États-Unis ?
L’accent sur les États-Unis est venu principalement du fait que je vis dans ce pays, c’est celui que j’appelle “chez moi”. C’est aussi le pays dans lequel j’ai réussi à avoir une meilleure compréhension de ma propre identité de genre. De plus, mon œil extérieur – venant du fait que les États-Unis ne sont pas mon pays d’origine – m’offre une vision plus large de la culture américaine.
Tu peux m’en dire plus sur la couverture du livre ?
C’est une appropriation du drapeau transgenre. Pour moi, cela symbolise également les rayures du drapeau américain. Le titre du projet, American Boys, est un appel intentionnel à cette nostalgie internalisée d’une certaine masculinité américaine et à la notion que la masculinité n’appartient qu’aux hommes cis. L’idée est de déconstruire l’idée selon laquelle l’identité de genre doit être alignée au sexe assigné à la naissance. J’espère aussi que ce projet aidera les gens à changer la façon dont ils se voient et comment ils perçoivent les genres.
Le livre de Soraya Zaman, American Boys, est disponible aux éditions Daylight. Vous pouvez retrouver son travail sur son site et sur son compte Instagram.