En toute intimité, Jonnah Bron a tiré le portrait de couples confinés

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Jonnah Bron

Sa série photo "Love in Quarantine" met en lumière celles et ceux "qui ont trouvé l’amour pendant la pandémie".

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La pandémie et ses différents confinements nous ont séparé·e·s. Des mois sans nos proches, nos ami·e·s, nos familles… Nos rapports sociaux ont été redéfinis, les Google Meet et Zoom ont remplacé nos rendez-vous et les jeunes amours ont été rudement mises à l’épreuve. Pourtant, dans cette jungle du dating, certaines personnes ont trouvé l’amour, comme une urgence. Peut-être parce que l’embarras du choix n’existe plus vraiment, que la peur de la solitude se fait davantage ressentir ou peut-être était-ce réellement un coup de foudre…

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C’est à ces personnes-là que la photographe Jonnah Bron a dédié une série entière : Love in Quarantine. Habitant Amsterdam, elle a immortalisé une vingtaine de couples tombés amoureux durant cette dernière année compliquée. Dans une démarche inclusive, Bron s’est mise à partager sur son compte Instagram ses premières photos, puis tout est allé vite. Elle a commencé à recevoir des messages privés de couples qui voulaient participer au projet. Rencontre avec une artiste à la recherche de la vulnérabilité.

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Geerten et Jonnah. (© Jonnah Bron)

Konbini arts | Comment as-tu commencé la photographie et quelles sont les idées principales que tu explores à travers ce médium ?

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Jonnah Bron | J’ai commencé la photographie quand j’ai eu ma première relation amoureuse, avec une femme. J’avais 18-19 ans. Je prenais des photos intimes de nous pour documenter une histoire d’amour entre deux femmes. J’ai décidé ensuite de les publier en ligne parce que je trouvais que l’amour lesbien n’était pas assez représenté. Puis j’ai poursuivi en photographiant des amies.

De manière générale, j’aime explorer la nudité avant tout. Le plus intéressant pour moi, en tant qu’artiste, c’est quand les gens se présentent sous leur forme la plus pure, c’est-à-dire nus. Quand vous avez des vêtements, vous pouvez toujours prétendre être quelqu’un d’autre. Quand j’ai quelqu’un de nu devant mon objectif, nous nous découvrons différemment. Il est question de vulnérabilité, d’intimité et de figer un corps dans le temps.

Roos et Rosa. (© Jonnah Bron)

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Peux-tu nous présenter ta série Love in Quarantine ?

Love in Quarantine est une série sur les personnes qui ont trouvé l’amour en pleine pandémie. La plupart d’entre elles sont des inconnues, qui ont répondu à mes DM ou m’ont proposé leur participation via messages privés sur Instagram. J’ai commencé avec des ami·e·s, et après avoir publié quelques-unes de ces photos sur Internet, tout s’est enchaîné assez rapidement. C’était fou. Je recevais des messages, des textos, des e-mails d’inconnu·e·s qui me racontaient leur histoire d’amour, leur rencontre.

J’ai arrêté de compter mais je crois que j’ai photographié 28 couples environ. Au début, je disais oui à tout le monde, en incluant tous les genres, orientations sexuelles et âges. Puis avec le nombre important de requêtes, étant donné qu’on était en pleine pandémie, je me suis limitée aux couples habitant à Amsterdam et dans ses alentours.

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Lotte et Deen. (© Jonnah Bron)

Comment l’idée de cette série t’est venue à l’esprit ? Et comment as-tu vécu cette pandémie et le confinement ?

Tout a commencé avec la pandémie. J’ai commencé à remarquer autour de moi que mes ami·e·s étaient dans une phase de “dating intensif”. Au bout de trois ou quatre semaines, certain·e·s me disaient qu’ils et elles étaient en couple. Ça m’a percutée, car jamais auparavant mes ami·e·s néerlandais·es se sont mis·es en couple aussi rapidement. Je me suis dit que cela avait à voir avec la pandémie : la peur d’être seul·e, isolé·e. J’ai débuté ma série en demandant à une amie qui venait de rencontrer une femme, puis j’ai continué.

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Je ne dirais pas que le confinement en tant que tel a aidé ma créativité, mais plus le fait d’observer mes ami·e·s. C’était une manière de m’échapper de cette réalité, car faire des photos dans sa chambre peut vite devenir aliénant. Cela m’a permis de continuer à travailler.

Noralie et Noah. (© Jonnah Bron)

As-tu eu des inspirations artistiques particulières pour cette série ?

Aucune, juste en observant. J’allais à la recherche du moment le plus intime. Sinon, de manière générale, j’aime beaucoup le travail du photographe Chad Moore, du réalisateur Gaspar Noé, de réalisateurs néerlandais comme Mees Peijnenburg, et les films “coming-of-age”.

Quels sont tes futurs projets ?

Je m’occupe de réaliser mon premier court métrage érotique, dans la lignée de ce que fait Erika Lust. J’espère le sortir d’ici la fin 2021. Après l’obtention de mon diplôme, je commencerai le tournage.

Jana et Max. (© Jonnah Bron)
Josef et Boisé. (© Jonnah Bron)
Eva et Lara. (© Jonnah Bron)
Sanne et Michel. (© Jonnah Bron)
Luna et Sam. (© Jonnah Bron)
© Jonnah Bron
Sharon et Rachel. (© Jonnah Bron)
Alan et Monica. (© Jonnah Bron)
Imke et Elisa. (© Jonnah Bron)
Lisa et Gianni. (© Jonnah Bron)