D’immenses toiles en relief, monochromes, polychromes, géométriques, abstraites ou presque organiques ont remplacé la collection russe Morozov à la Fondation Louis Vuitton à Paris, où a débuté une grande rétrospective sur Simon Hantaï.
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Cette nouvelle exposition, qui se tient jusqu’au 29 août 2022, est organisée en hommage au peintre Simon Hantaï, né en 1922 en Hongrie dans un petit village près de Budapest, et qui s’est installé en 1948 à Paris, où il a produit l’ensemble de son œuvre.
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Elle rassemble environ 150 tableaux, majoritairement de très grands formats, dont près de la moitié n’a jamais été exposée. Ils témoignent des recherches plastiques radicales du peintre de la fin des années 1950 à 2004, selon Anne Baldassari, commissaire de l’exposition. Quelques œuvres de Henri Matisse et Jackson Pollock, qui ont influencé son travail, sont exposées aux côtés d’un vaste panorama de sa création présentée sur 2 700 mètres carrés.
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“Peindre à tout prix”
Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Budapest, Simon Hantaï s’était opposé publiquement en 1944 à l’invasion nazie, avant d’être emprisonné et de réussir à s’enfuir. Un artiste “sans concession”, incarnant “la liberté de peindre à tout prix, un projet qu’il a payé au prix fort en se soustrayant à la toile et au processus artistique et en effaçant totalement son ego”, dit à l’AFP Anne Baldassari. “Il a pris ses distances avec la virtuosité, le savoir acquis, la main savante.”
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“Et aussi avec le milieu de l’art et les institutions au point de se retirer totalement de la vie publique à partir de 1982, sans toutefois cesser de peindre”, ajoute son fils aîné, Daniel Hantaï, qui a contribué avec l’ensemble de sa famille à la conception de la rétrospective du peintre, décédé en 2008.
Elle débute par ses expérimentations picturales des années 1949 à 1957 et “le grand livre des petites peintures”, exécutées essentiellement sur papier et qui condensent ses recherches personnelles et sa période surréaliste, mouvement avec lequel il rompt en 1955.
S’ensuit une salle dédiée aux années 1957 à 1959, où l’artiste, catholique et croyant, réduit à quelques signes essentiels la gestuelle expressionniste aléatoire empruntée à Jackson Pollock. On y retrouve l’ovale, le cercle et la croix avec des encres qui se mêlent à l’huile sur toile de lin et aux feuilles d’or.
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L’art du pliage
En 1960, il inaugure la série des Mariales, toiles abstraites et polychromes en hommage aux madones de la Renaissance italienne, ce qui deviendra l’art du “pliage comme méthode”. Une “révolution”, selon la commissaire : en étalant ses toiles au sol avant de les plier, plisser, froisser et badigeonner de peinture puis de les déplier, de les aplatir et de les lisser jusqu’à ce qu’elles ressemblent à du cuir ciré.
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Suivent la série des Catamurons (1963-1965), polychromes en bleu, noir et brun et les Panses où la toile blanche encercle un amas de couleurs, assimilé par l’artiste à l’“univers cellulaire” du monde vivant. Après avoir habité Paris, dans un petit atelier du 17e arrondissement, Simon Hantaï s’exile près de Fontainebleau avec sa famille dans le hameau de Meun, dont le nom lui inspire une autre série de peintures pliées.
L’exposition se termine par Le Dernier Atelier, les Tabulas, une série de tableaux blanc sur blanc et les Buées et Suaires, un travail sur des impressions sur toiles de clichés numériques avec des images presque transparentes.
Konbini arts avec AFP