Cynthia Albritton est morte le 21 avril 2022 à Chicago à l’âge de 74 ans. Bien qu’elle affirmait en 2012 être “la tendre mère” de “doux enfants” qu’elle aimait tous de façon égale, l’artiste ne laisse pas derrière elle une tripotée d’enfants ventripotents. Ses bébés sont une armada de sculptures de pénis en érection, lui ayant valu le nom de “Cynthia Plaster Caster”, soit “Cynthia la couleuse de plâtre”.
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Les pénis en question ne sont pas ceux d’anonymes, mais ceux de rockstars états-uniennes ayant marqué le XXe siècle. De ses débuts, dans les années 1970 à ses dernières années, elle a non pas gravé dans le marbre mais sculpté dans le plâtre, les sexes de personnalités qu’elle admirait et dont elle aimait la musique. Parmi ses célèbres modèles, on retrouve Jimi Hendrix, Wayne Kramer du groupe MC5 ou encore Zal Yanovsky des Lovin’ Spoonful.
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Cette carrière étonnante débute à la fin des années 1960, alors qu’elle est étudiante en art. Son professeur lui demande de mouler “quelque chose qui pouvait tenir sa forme, quelque chose de dur”. “J’avais cru entendre dire que les pénis pouvaient devenir solides, même si je ne l’avais encore jamais vu par moi-même”, confiait la sculptrice à Rock Scene Magazine.
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Pour l’étudiante, qui se décrivait comme “une jeune fille timide et balbutiante, vierge et rigolote qui voulait finir dans le lit de mignons garçons britanniques aux cheveux longs et aux pantalons serrés”, le devoir de son professeur se transforme en mission. Une mission qui lui fait perdre sa virginité et lui donne une idée pour approcher les rockstars qui l’éblouissent : “Je n’avais aucune expérience et n’étais pas du tout séductrice. Les seuls moyens dont je disposais pour faire baisser les braguettes étaient mon humour et mes drôles d’idées.”
Avec son amie Barbara, Cynthia monte le groupe des Plaster Casters of Chicago, les “couleuses de plâtre de Chicago”, et abandonne son nom de famille pour que ses activités ne parviennent pas aux oreilles de sa maman, précise le New York Times.
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Après quelques ratés techniques auprès d’anonymes, Cynthia Plaster Caster découvre la formule magique qui lui permettra d’immortaliser dans la matière le pénis de Jimi Hendrix, sa première célébrité : de l’alginate, la substance utilisée par les dentistes pour leurs moulages.
Le pénis moulé de Jimi Hendrix lui assure une certaine crédibilité dans le milieu des fans de rock. Son travail, apprécié ou moqué, interroge l’image de “la groupie”. Cynthia Albritton a pris ce rôle à bras-le-corps tout en renversant la dynamique : les rock stars masculines qu’elle adulait devenaient des êtres de chair et de peau délestés de leur armure scénique, instrumentale et vestimentaire.
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La session leur instaurait également une certaine pression, eux qui devaient s’assurer de la dureté de leur sexe et offraient à la vue du monde ses dimensions. Sans doute un peu fatiguée par ces farandoles de pénis, l’artiste s’était mise à mouler des poitrines les dernières années de sa carrière. Elle espérait également que d’autres reprennent son flambeau, notamment des personnes préférant d’autres styles que le rock, afin que davantage d’artistes accèdent à cette postérité plâtreuse. L’appel est lancé.