Quand Carrie Mae Weems dénonce les meurtres et médias racistes dans une œuvre puissante

Publié le par Lise Lanot,

© Carrie Mae Weems ; Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier/Photo : Aurélien Mole

Dans Repeating the Obvious, l’artiste met en exergue "l’homogénéisation de la représentation des hommes noirs".

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Lorsque Carrie Mae Weems expose sa série Repeating the Obvious, elle présente 39 tirages identiques, de tailles différentes, éparpillés sur des murs blancs. Les impressions montrent la même silhouette, floue, bleue, coupée aux genoux, d’un homme noir encapuché. Ses traits ne sont pas visibles, brouillés par l’épaisse brume qui recouvre les tirages.

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“Pourquoi cette répétition d’œuvres homologues ?”, ne peut s’empêcher de questionner le public. La réponse est à trouver du côté des actualités, dans le nombre de “meurtres d’Africains-Américains perpétrés par des policiers et des civils blancs”, note la Collection Pinault qui expose actuellement la série.

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Carrie Mae Weems, Repeating the Obvious, 2019. Vue d’exposition “Une seconde d’éternité”, Bourse de Commerce, Pinault Collection, Paris, 2022. (© Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier/Photo : Aurélien Mole)

À bien y regarder, ce n’est pas tant qu’on ne parvient pas encore à distinguer les traits du personnage représenté. Son visage n’apparaîtra jamais sous la brume de la surface, au contraire, il disparaît jusqu’à être progressivement oublié, comme ses nombreux “jumeaux” qui l’entourent.

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La multiplication de l’œuvre principale révèle “l’homogénéisation de la représentation des hommes noirs”. Une façon pour Carrie Mae Weems de pointer du doigt la “perception générique et déshumanisée de ces personnes dans l’inconscient collectif” et la façon dont les médias et la normalisation des actes racistes mettent “à mal la diversité et la complexité des expériences noires”.

Carrie Mae Weems, Repeating the Obvious, 2019. Vue d’exposition “Une seconde d’éternité”, Bourse de Commerce, Pinault Collection, Paris, 2022. (© Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier/Photo : Aurélien Mole)

Dans ce projet, qui date de 2019, l’artiste met en exergue le traitement médiatique unilatéral des personnes noires. En parallèle et depuis plus de trente ans, Carrie Mae Weems s’attache à justement représenter cette “diversité” et “complexité” souvent oubliées.

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Grâce à ses œuvres photographiques, textiles, textuelles, sonores, numériques, filmiques et sculpturales, elle passe à la loupe “les relations familiales, l’identité culturelle, le sexisme, le classisme, les systèmes politiques et les conséquences du pouvoir”, étaie-t-elle sur son site.

Carrie Mae Weems, Repeating the Obvious, 2019. Vue d’exposition “Une seconde d’éternité”, Bourse de Commerce, Pinault Collection, Paris, 2022. (© Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier/Photo : Aurélien Mole)

La série Repeating the Obvious de Carrie Mae Weems est exposée à la Bourse de Commerce – Collection Pinault, à Paris, jusqu’au 9 janvier 2023.

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