Là où Banksy passe, se forme toujours un petit raz-de-marée : dans les maisons d’enchères où ses œuvres amassent des sommes colossales ou dans les villes et villages où il appose ses créations. Dans ces rues, une fois les premières vagues d’effervescence passées, c’est souvent la noyade. Les propriétaires des murs tagués se retrouvent à devoir gérer des hordes de fans et un bout de mur valant soudainement des centaines de milliers d’euros.
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Cette semaine, c’est une création visible dans le Suffolk, sur la côte est du Royaume-Uni, qui crée du remous. Réalisée cet été, pendant le productif road trip sur les côtes anglaises de l’artiste, l’œuvre présente un enfant vacancier muni d’un pied de biche lui permettant de construire un château de sable. Le dessin bordait un atelier électrique abandonné mis en vente. D’abord mise à prix 300 000 livres sterling, la boutique était passée à 500 000 livres après que Banksy avait confirmé être l’auteur de l’œuvre qui la décorait.
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Dimanche dernier cependant, des ouvriers sont venus retirer le pan de mur sur lequel est taguée l’œuvre, qui devrait partir en vente aux États-Unis, rapporte la BBC. Un acte qui révolte les fans du street artiste et les locaux·les, qui voyaient comme une fierté l’implantation d’un Banksy dans les rues et qui savent bien que ce dernier refuse la marchandisation ou même l’exposition de son travail.
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Bénédiction ou cauchemar ?
Ce n’est pas la première fois que les œuvres de Banksy et ce qu’elles deviennent font débat. En 2021, le collectionneur John Brandler retirait de la rue une petite fille faisant du hula-hoop signé Banksy, arguant que l’œuvre commençait à être détériorée à cause de la moisissure.
Les internautes avaient exprimé leur colère et leur dégoût face à cet achat sur Instagram – l’un d’eux espérant par exemple que “le karma” permette à l’œuvre de “s’autodétruire comme par magie et se transformer en poussière une fois arrivée à destination”, un clin d’œil au coup orchestré par Banksy à une vente Sotheby’s en 2018.
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Certaines personnes ne voient cependant parfois pas d’autre option que de vendre les œuvres dont elles sont soudainement devenues propriétaires. En 2018, Ian Lewis, un sidérurgiste de 55 ans possesseur d’un garage dans le sud du Pays de Galles sur lequel Banksy avait tagué Season’s Greetings (une carte de vœux corrosive sur la pollution de la planète), partageait son découragement face aux milliers de personnes qui se pressaient chaque jour autour de son garage. Des visiteur·se·s essayaient même de s’emparer de morceaux de pierre ou de dégrader l’abri, rapportait-il.
L’homme avait fini par vendre l’œuvre, “pour une somme à six chiffres”, auprès, tiens-tiens, du même John Brandler. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il semble que Banksy finisse inlassablement par voir ses travaux lui échapper et finir aux mains de collectionneur·se·s.