Le Christ ressuscité apparaît à sa mère est un tableau qui fourmille de surprises et de scandales. Le dernier en date concerne son retrait, temporaire, de l’exposition “Rubens à Gênes”, où il était exposé depuis le mois d’octobre dernier. La police italienne avait saisi la toile à la toute fin d’année 2022 avant de la remettre en place, il y a quelques jours, afin d’enquêter sur le bizarre remue-ménage subi par l’œuvre depuis son rachat, en 2012, par ses propriétaires actuels.
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Ces derniers auraient acheté le grand tableau (184 sur 150 centimètres) à une famille aristocratique italienne pour 300 000 euros, rapporte The Art Newspaper, il y a plus de dix ans. Une fois en leur possession, les propriétaires auraient attribué l’œuvre à l’école flamande et fait baisser sa valeur à 25 000 euros pour la sortir facilement du territoire italien.
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Amis avec des membres du bureau d’exportation de Pise (temporairement fermé en 2019 à cause d’“irrégularités”), les propriétaires auraient obtenu un certificat de libre circulation grâce à de fausses déclarations, leur permettant d’emmener la toile à Prague. Là-bas, ils auraient organisé de fausses ventes via des sociétés écran, afin de faire flamber la cote de leur toile, aujourd’hui estimée à 4 millions d’euros.
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Mais ces fumeux aspects ne sont pas les seuls scandales qui entourent le tableau. En 2015, Le Christ ressuscité apparaît à sa mère faisait déjà les gros titres des journaux d’art. Des conservateur·rice·s décidaient alors d’enlever une couche de peinture qui recouvrait un troisième personnage de la composition – sûrement une première version de la Vierge découverte grâce à une étude aux rayons X.
Quatre citoyens italiens (“deux marchands d’art, un comptable et son fils”, selon l’agence de presse AMA) font aujourd’hui l’objet d’une enquête pour “blanchiment d’argent” et “exportation illégale d’œuvres d’art”. La sauce a d’autant plus flambé lorsque le secrétaire d’État à la Culture Vittorio Sgarbi (connu pour ses nombreux démêlés avec la justice) a lancé l’hypothèse que le Rubens était peut-être un faux. Une affirmation tout de suite démentie par la co-curatrice de l’exposition génoise, Anna Orlando, pour qui la paternité de l’œuvre “n’est pas sujet[te] à débat”. Quatre siècles après sa création, Le Christ ressuscité apparaît à sa mère continue de vivre de sacrés rebondissements.