Pourquoi l’œuvre dédiée au 11-Septembre de Maurizio Cattelan fait-elle couler de l’encre ?

Publié le par Lise Lanot,

© Maurizio Cattelan/Marian Goodman Gallery/Pirelli HangarBicocca

La sculpture de Maurizio Cattelan n’a pas sa place outre-Atlantique pour le moment.

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Le travail de Maurizio Cattelan est loin d’être étranger aux polémiques. N’oublions pas que l’artiste italien est responsable de Comedian, la banane vendue 108 000 euros en décembre 2019 ; de Him, une statue d’Adolf Hitler en train de prier en 2012 ; de La Nona Ora, une sculpture en cire grandeur nature du pape Jean-Paul II foudroyé par une météorite en 1999 ; ou encore d’America, un urinoir en or massif datant de 2016.

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Souvent taxé de provocateur, l’artiste est de retour cet été avec une œuvre à forte valeur sentimentale pour lui, qui soulève cependant des interrogations du côté des institutions artistiques états-uniennes. Intitulée Blind, l’œuvre représente une monumentale tour en résine traversée par un avion. La sculpture a été réalisée en hommage aux victimes des attentats du 11-Septembre, vingt ans après le drame.

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Maurizio Cattelan, Blind, 2021. (© Marian Goodman Gallery/Pirelli HangarBicocca)

Le New York Times rappelle que Maurizio Cattelan se trouvait à New York le jour des attentats. Un souvenir évidemment marquant pour quiconque se trouvait sur place. L’artiste raconte avoir “marché à pied depuis [l’aéroport de] La Guardia pendant des heures”. “Je n’ai jamais oublié les choses que j’ai vues […]. Blind est une œuvre à laquelle je pense depuis des années.”

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L’œuvre est présentée à Milan dans le cadre d’une exposition dédiée à l’artiste. Montrer l’installation en Italie, et non à New York, n’est pas un hasard : “Parvenir à une certaine distance, pas seulement de façon spatiale mais aussi dans le temps, est devenu une étape nécessaire pour se souvenir. Il est important, presque fondamental, que Blind soit présentée pour la première fois en Italie”, a déclaré l’artiste.

Un projet abandonné en 2017

En 2017, Maurizio Cattelan s’était rapproché de Nancy Spector, alors conservatrice en chef du musée Guggenheim de New York, pour lui parler de son projet de sculpture : “La temporalité (et sans doute le lieu) n’allaient pas. Après le 11-Septembre – surtout pour les New-Yorkais –, rien ne semblait sans danger.” 

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Pour la spécialiste, l’exposition italienne permettra à l’œuvre de “respirer” et de “se tester publiquement en tant qu’objet à la signification profonde et complexe”. L’équipe du musée milanais Pirelli HangarBicocca affirme quant à elle sa fierté de présenter l’œuvre : “L’art est une expression de la liberté et le rôle d’un musée est, selon nous, d’être un lieu pour partager des voix différentes et générer des pensées et réflexions sur le monde dans lequel nous vivons. Blind rappelle évidemment un moment sombre et tragique de notre histoire et l’œuvre a pour vocation de nous rappeler la fragilité et la vulnérabilité de tous les êtres humains.”

Malgré le refus de Nancy Spector de faire venir Blind à New York il y a quatre ans, la conservatrice insiste sur “l’intensité” de l’œuvre : Blind donne un caractère sacré aux milliers de vies perdues. Il ne s’agit pas d’un geste ironique. […] Elle regarde l’horreur en face et ose questionner le rôle que les autorités ont pu jouer dans la possibilité qu’un acte si immoral se produise.”