Pourquoi les œuvres de Jeff Koons reflètent si bien le Gémeaux

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Patrick Baz/Qatar Museums

Des œuvres qui font parler d’elles, créées par un artiste appréciant les mondanités : quoi de mieux pour représenter le Gémeaux que les œuvres exubérantes de Jeff Koons ?

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Chaque mois, notre rubrique “Artstrology” vous fait (re)découvrir des œuvres et artistes à la lumière d’un signe astrologique. Ce mois-ci, c’est au tour du Gémeaux de passer sous notre loupe.

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Un signe d’air

Gouvernés par Mercure, la planète de l’intellect et de la communication, le Gémeaux est un signe d’air, comme le Verseau et la Balance, ce qui veut dire que ce sont des êtres profondément sociaux. Insouciant et léger, le Gémeaux est “tellement mobile”, qu’il est “partout où l’on ne l’attend pas”, écrit le site Astrotheme.

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Une œuvre de Jeff Koons cristallise bien cette assertion : celle qu’il a réalisée en hommage aux victimes des attentats de Paris. Pourquoi l’artiste états-unien s’est-il emparé de cet hommage ? Pourquoi ne pas avoir plutôt choisi un·e artiste français·e, plus sérieux·se, moins vénal·e, et dont la réputation n’occuperait pas tout l’espace du débat public ? Et pourquoi diable avoir représenté un immense fucking bouquet de tulipes en ballons de baudruche ?

Le Bouquet de tulipes de Jeff Koons, réalisé en hommage aux victimes des attentats de Paris. Pas merci. (© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images)

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Ce troisième signe du zodiaque est un très bon communicant et parvient à se faire une place de choix dans la société grâce à son charme, son humour et son éloquence. Avec cette nature sociable, Jeff Koons parvient aujourd’hui à vendre ses œuvres des millions d’euros : il est l’artiste encore en vie le plus cher aux enchères. En 2008, il a vendu sa Balloon Flower (Magenta) pour plus de 16 millions d’euros chez Christie’s. Il s’est ensuite fait détrôner par les peintres Lucian Freud et David Hockney, mais il a fini par regagner son titre en 2019 grâce à un Rabbit parti pour plus de 91 millions de dollars.

Toutes les œuvres de Jeff Koons n’ont qu’un but : traiter de choses avec lesquelles tout le monde peut créer un lien”, affirme-t-il. Elles sont faites pour toucher un large public et faire parler d’elles, à l’instar du Gémeaux qui aime papillonner, évoluer dans le monde social par sa maîtrise de la conversation, et faire parler de lui. Reprenons l’exemple de l’œuvre-hommage aux victimes des attentats de Paris qui a fait un tollé à cause de ses obscurs financements et de son rendu final jugé laid.

Un signe mutable

Aux côtés du Sagittaire, de la Vierge et du Poissons, le Gémeaux fait partie des signes mutables ; ce sont ceux qui closent une saison par le chaos, l’instabilité mais aussi l’adaptabilité et l’ouverture. Ils sont changeants, lunatiques, ne savent pas choisir – et donc, ils choisissent tout. Avec le Gémeaux, ce n’est jamais noir ou blanc : c’est toujours gris. Il est en proie à une dualité qui en irrite plus d’un·e.

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Jeff Koons qui pense être le roi du monde devant sa Seated Ballerina. (© Mike Coppola/Getty Images North America/Getty Images via AFP)

On peut également leur reprocher leur superficialité, à l’instar des travaux artistiques de Jeff Koons, qui n’ont jamais de grande symbolique ou de véritable profondeur. Sa première œuvre, The New, a été imaginée alors qu’il vendait des fonds de placements pour arrondir ses fins de mois.

Opportuniste, il a ainsi créé une installation assez simple, dans laquelle des appareils électroménagers sont accrochés à des néons. On ne sait pas trop ce que cela veut dire, à part : “J’ai la prétention de m’inscrire dans la lignée du ready-made de Duchamp.” Et c’est ainsi qu’il fut repéré par le gratin new-yorkais. Notons que la plus grande qualité du Gémeaux est de pouvoir s’adapter à tout public. Grâce à son art kitsch, Jeff Koons a emporté l’adhésion des milliardaires nouveaux riches.

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Un signe représenté par… les bras et le système nerveux

Chaque signe du zodiaque est représenté par une partie du corps humain. Pour le Gémeaux, il s’agit des mains, des bras, des épaules et du système nerveux. De par leur mobilité extrême, leur caractère survolté et leur propension à vouloir toujours faire quelque chose de leurs mains, le Gémeaux “s’attardent peu de temps sur un sujet” et passent du coq à l’âne, détaille le site Astrothème. Comme une girouette, les œuvres de Jeff Koons passent des chiens aux fleurs, des fleurs aux ballons, des ballons aux lapins, des lapins à… Michael Jackson. Rien n’est très cohérent ou linéaire.

Du coq à l’âne, à boire et à manger. (© Jared Siskin/Patrick McMullan via Getty Images)

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Ses créations explorent différents media comme la photographie, la sculpture, l’installation, la peinture, le numérique mais aussi tous matériaux (le bois, l’inox, le verre ou encore le marbre). Paradoxalement, Koons ne conçoit aucune de ses œuvres lui-même : comme Maurizio Cattelan, il donne les idées et les fait exécuter par ses assistant·e·s.

Jeff Koons est un artiste plus que prolifique, qui a enchaîné les créations et événements artistiques, ainsi que les carrières – il a commencé en tant que courtier en matières premières à Wall Street pour autoproduire ses premiers travaux. Il est toujours occupé et on le voit partout – que ce soit son Puppy devant le Guggenheim de Bilbao, son Bouquet de tulipes à Paris, sa Balloon Flower (Red) en plein cœur de Manhattan ou sa monumentale Seated Ballerina au Rockefeller Center, à côté du MoMa de New York. Placées dans la rue, ses œuvres se voient toujours. On ne voit même qu’elles. Elles sont très concrètes, colossales et palpables, à l’image de ce signe qui aime être “tactile”.

Un signe mondain et peu fiable

Le papillon est l’animal qui représente le mieux le Gémeaux et sa facilité à s’adapter et évoluer dans toutes les sphères de la société. Ce trait de caractère le rend mondain, peu fiable et volatile. Et il suffit de taper “Jeff Koons” dans la barre de recherche de Getty Images pour comprendre à quel point l’artiste est plus célèbre que ses propres œuvres, à quel point il passe plus de temps sur les tapis rouges, aux photocalls, à serrer des mains, à sourire sur les photos, à s’entourer d’un milliard d’hommes riches en costard qu’à… créer.

Un tantinet détesté. (© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images)

On le sait bien, Jeff Koons aime travailler en groupe, et par groupe, j’entends une salle de cinéma complète : dans son studio, il s’entoure de 90 à 120 assistant·e·s. Son caractère mondain lui a valu d’être exposé au Château de Versailles, comme un roi, mais aussi de se faire détester par un grand nombre de passionné·e·s d’art – comme nous.

Avec lui, on est loin de la posture de l’artiste solitaire et torturé dans son atelier. Si on devait le comparer à un·e autre artiste, ce serait sans détour à Andy Warhol qui, lui aussi, était proche du monde de la publicité, de la communication, aimait provoquer et se nourrissait des autres pour créer dans sa Factory.

Justement, Jeff Koons aime un peu trop se nourrir des autres pour ses “créations” ; l’artiste conceptuel a été condamné plusieurs fois pour plagiat. En 2017, Naked contrefaisait un cliché de Jean-François Bauret ; en 2015, le photographe Mitchel Gray l’attaquait pour le plagiat d’une de ses affiches publicitaires ; en 1993, c’était une copie du personnage d’Odie, de la BD Garfield, qui lui valait une condamnation pour son œuvre Wild Boy and Puppy ; et en 1992, sa sculpture String of Puppies reprenait une image du photographe Art Rodgers. Le Gémeaux est un être infiniment décrié.