Ce week-end, une bonne partie du paysage urbain chinois était essaimée de feuilles de papier A4 blanches. Brandies notamment par des étudiant·e·s en art, ces feuilles ont accompagné les soulèvements majeurs survenus en Chine en réaction à la politique “zéro Covid” du gouvernement.
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L’étendue des manifestations a “immédiatement suscité l’attention de la communauté internationale”. “C’était vraiment le désordre”, a témoigné à l’AFP une participante, qui a assuré que dix personnes avaient été arrêtées. “Il y avait beaucoup de présence policière, c’était le chaos.”
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Un mouvement symbolique
C’est en réaction au silence imposé par le gouvernement, à la censure d’État et aux multiples arrestations survenues ce week-end que nombre de jeunes a décidé de brandir des feuilles blanches. L’action est aussi ironique qu’elle est logique : “Les manifestants ne peuvent être arrêtés pour des pancartes qui ne sont pas explicitement critiques du gouvernement”, rappelle Dazed.
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De plus, le blanc représente le deuil en Chine. Brandir des feuilles blanches pourrait donc également symboliser les décès liés à la politique “zéro Covid”, et notamment l’incendie mortel survenu jeudi 24 novembre dernier à Urumqi, capitale de la région ouïghoure du Xinjiang.
L’incendie, qui a causé la mort de dix personnes dont des enfants en bas âge, est considéré comme un “élément déclencheur” des manifestations. “Les restrictions sanitaires sont accusées d’avoir empêché le travail des secours, des arguments balayés lundi [28 novembre] par le gouvernement”, retrace l’AFP.
L’art comme vecteur de communication
Sur les réseaux sociaux, des internautes chinois·es et internationaux·les ont apporté leur soutien aux personnes descendues dans les rues en partageant à leur tour des images blanches ou des œuvres d’art. Le mouvement des feuilles de papier A4 brandies dans les rues a été baptisé la “Révolution A4” par les internautes.
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Œuvres d’art politiques et graffitis dénonciateurs ont pullulé sur les réseaux et à travers les campus du pays, souligne Artnet. Une façon de faire circuler l’information tout en défiant le contrôle strict de cette dernière par le gouvernement.
“La politique [zéro Covid], c’est vraiment trop strict”, a confié à l’AFP un jeune homme de 17 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom. “Elle tue plus de gens que le Covid-19”, a-t-il ajouté. “En vigueur depuis bientôt trois ans, cette politique a été la cible des manifestations survenues ce week-end dans plusieurs villes, le mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations pro-démocratie de 1989”, a précisé l’agence de presse française.