Eddy Leonel Aldana a grandi face à l’objectif de sa mère, qui le prenait en photo, lui et ses frères et sœurs “parce qu’elle-même n’avait pas beaucoup de souvenirs de son enfance”. La mort brutale de son père a agi comme un sursaut pour le jeune homme : “Son décès m’a fait craindre de perdre le reste de ma famille, et comme je n’avais jamais vraiment eu la chance de le photographier, je voulais m’assurer qu’il ne m’arriverait pas la même chose avec un autre membre de ma famille.”
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Quelques semaines après la disparition de son géniteur, le jeune artiste raconte avoir regardé le plus de vidéos possible de ce dernier pour se rappeler à quoi il ressemblait, comment il parlait et se tenait. Depuis, nous explique Eddy Leonel Aldana, “documenter [sa] famille est devenu une obsession”.
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Cette angoisse liée à la mort imprègne son travail jusqu’au nom de sa série principale, Por si las moscas. L’expression, souvent employée par son père d’origine guatémaltèque, signifie “Au cas où”, comme une ombre de drame planant au-dessus de lui.
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Un hommage à l’absence
Ses images sont des memento mori de ce qui n’est plus : la présence de son père mais aussi le pays quitté par ses parents. Dans ses photos, il tient à intégrer ses origines, à travers “des objets ou de la nourriture du Guatemala qu[‘il] aime particulièrement”. Il souhaite ainsi affirmer sa fierté quant à son héritage culturel et ne pas oublier “d’où viennent [ses] parents et ce que cela leur a coûté de venir aux États-Unis et pourquoi ils l’ont fait”.
Por si las moscas est une série en plusieurs volumes, qui reflète la façon dont lui et sa famille évoluent. Le volume 4 a été shooté dans la nouvelle maison de sa famille, que son père n’aura donc jamais connue : “C’est une représentation visuelle de la façon dont nous avançons et de comment nous devons laisser des choses derrière nous sans oublier notre père.”
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“Tout ce que je photographie est associé à un souvenir”
Eddy Leonel Aldana privilégie natures mortes, paysages et objets du quotidien. “Tout ce que je photographie est associé à un souvenir”, confie-t-il. La lumière frappant un plateau de McDonald’s peut ainsi lui rappeler les petits-déjeuners pris avec son père avant son travail, le persuadant de l’immortaliser, comme un journal de bord du deuil et de la vie qui continue, malgré tout.
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Un lit défait, un reflet sur du carrelage, des décorations célébrant un diplôme… Des vues a priori banales se parent du silence assourdissant de l’absence à travers son regard, d’autant plus lorsque le lit est vide, tout comme la salle de bains et la fête. Le jeune homme habite désormais à près de 2 000 kilomètres de sa famille, mais cela ne l’empêche pas de les photographier autant qu’il le peut, “afin de voir à quel point les choses changent et restent les mêmes le temps passant”.
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Vous pouvez retrouver le travail d’Eddy Leonel Aldana sur son compte Instagram et sur son site.