Un photographe décompose le vol d’oiseaux dans des clichés oniriques

Quand art et science s’allient pour que l’on retrouve notre âme d’enfant.

Chaque enfant s’est un jour adonné à ce plaisir simple : s’allonger dans l’herbe pour regarder les nuages et, ce faisant, surprendre et suivre le vol d’un oiseau apparu dans le ciel. Pour le photographe espagnol Xavi Bou, ce jeu insouciant se faisait en compagnie de son grand-père, au cours des longues marches qu’ils entreprenaient ensemble régulièrement.

Ce rituel a déclenché chez l’enfant qu’il était, une véritable passion pour l’ornithologie, qui n’a cessé de grandir jusqu’à se matérialiser à travers son projet Ornitographies, pour lequel il s’est récemment rendu en Islande. Un projet qui découle autant de son envie de figer ces instants auxquels on prête peu attention d’ordinaire que de sa curiosité qui le pousse à questionner les limites de la perception humaine.

Pour Xavi Bou, les oiseaux sont un moyen de rendre visible l’invisible, en capturant dans une même image le mouvement de leurs ailes en plein vol. Contrairement aux techniques d’analyses du mouvement existantes, Ornithographies tend à s’éloigner de l’approche purement scientifique de la chronophotographie pour privilégier un résultat plus abstrait, propice à l’imagination.

Pour chaque image, le photographe a pris plus d’une centaine de clichés des oiseaux, qu’il a ensuite superposés pour impulser cet effet de mouvement. Son travail mêle ainsi technologie, science et créativité pour un résultat onirique où percent la sensualité et la beauté qui peut se dégager d’un simple vol d’oiseau, pour peu que l’on s’y attarde un instant.

Ornithographies parle aussi de l’ambition folle et séculaire des hommes à pouvoir voler, en se pliant aux mêmes observations, à la même analyse et au décorticage que les rêveurs d’hier. Comme de longs rubans ou hélices qui se détachent sur le ciel, ces vols d’oiseaux sont figés dans des arrêts sur image qui permettent de mieux comprendre ce phénomène prodigieux.

Plus qu’un simple portrait de la réalité, les photos de Xavi Bou tissent enfin, dans un même plan, le lien entre passé, présent et futur, et invitent, au passage, l’observateur à retrouver un peu de son regard d’enfant.