Au petit matin mercredi 24 juin, les passant·e·s qui se baladaient dans le 7e arrondissement parisien ont eu la surprise de découvrir la statue de Colbert située devant l’Assemblée nationale couverte de peinture rouge. Sur le socle figurait en lettres capitales, elles aussi de couleur rouge, l’inscription suivante : “Négrophobie d’État.”
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Hier soir, l’auteur des faits a été interpellé selon Franceinfo Outre-Mer. Dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook par le compte “Brigade Anti-Négrophobie”, on l’entend notamment dire : “Cette statue vient prôner la négrophobie et le meurtre des Noirs.”
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La figure de Colbert, qui dispose de nombreux hommages tels que des lycées portant son nom ou des statues à son effigie, est remise en question depuis plusieurs semaines maintenant. Ministre de Louis XIV, il fut celui qui rédigea une grande partie du Code noir des Antilles françaises et légiféra sur l’esclavage. Depuis la mort de George Floyd, une vague de mobilisation a eu lieu partout dans le monde et ces manifestations antiracistes ont également entraîné de nombreux questionnements concernant plusieurs monuments.
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Des remises en question un peu partout dans le monde
À New York, une statue jugée raciste présentant Theodore Roosevelt assis sur un cheval, et surplombant un homme noir et un Amérindien marchant à ses côtés, va être déboulonnée. À Bristol, celle d’Edward Colston, un marchand d’esclaves mort au XVIIIe siècle, a été déboulonnée par des manifestant·e·s. Le maire de la ville a indiqué sa volonté de la déplacer dans un musée plutôt que de la réinstaller. Le street artiste Banksy avait d’ailleurs proposé une autre idée.
Dans l’espace public français également, de nombreux édifices ou noms de rues ont récemment été pointés du doigt. L’un des partisans de la remise en question de ces monuments “hommages aux héros coloniaux”, Seumboy (à la tête de la chaîne YouTube et du compte Instagram “Histoires crépues”), nous a expliqué son point de vue.
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“Transformer en positif”
Des initiatives qui divisent le paysage politique français. La semaine dernière, le député La France insoumise Éric Coquerel avait déjà exprimé sa position quant aux hommages à Colbert existant en France, déclarant :
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“Je suis pour transformer en positif : rebaptiser une salle de l’Assemblée nationale avec le nom du 1er député noir, Jean-Baptiste Belley, combattant contre l’esclavage et Jacobin. L’Assemblée nationale n’a pas à avoir des noms issus de la monarchie, comme Colbert.”
À l’inverse, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a réagi ce matin au tag de la statue de Colbert, en affirmant : “Il n’est pas question de revisiter notre Histoire ou de déboulonner nos statues. La majorité silencieuse des Français commence à en avoir assez de ces exigences de minorités violentes et excessives qui tentent de profiter de l’effondrement de l’État !”