1962-1989, c’est l’histoire de trois décennies qui ont changé le visage des sociétés occidentales. La révolution sociétale qui accompagne les Trente Glorieuses (entre 1946 et 1975) est une révolution culturelle rapide comme jamais le monde n’en avait connue auparavant.
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Au palais de la Porte-Dorée, l’exposition “Paris-Londres Music Migrations (1962-1989)” rassemble un grand nombre d’archives sonores, d’objets d’art et de pièces reconstituées. Colorée et foisonnante, l’exposition rappelle que la culture se nourrit de métissages et que la musique est aussi un moyen de mobilisation. La photographie qui se développe alors témoigne des mutations de la société. Focus sur ces images signées Philippe Chancel, James Barnor, Pierre Terrasson ou encore Syd Shelton.
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Les premiers métissages sonores
1962 est une date charnière pour la fin des deux grands empires coloniaux : français pour l’Algérie et anglais pour la Jamaïque et Trinité-et-Tobago. Les processus de décolonisation sont incomparables, et l’exposition se concentre sur les flux migratoires qui s’organisent vers les métropoles.
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Si au XIXe siècle la culture française domine le monde, la seconde moitié du XXe siècle consacre Londres comme capitale des tendances : pop, rock, mais aussi ska, reggae… Plus tôt que la France, la capitale anglaise voit fleurir une scène originale, fruit hybride de la rencontre entre les traditions musicales jamaïcaines et la culture rock anglaise.
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Dans les deux capitales, des lieux dédiés aux musiques des populations immigrées ouvrent, comme les cafés de Barbès, les clubs de Soho ou de Camden Town. Une première génération d’artistes émigre vers les métropoles juste après les indépendances, et au cours des années 1980, tous les plus grands talents africains viennent enregistrer à Paris et Londres.
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Cette période, de 1962-1989, est aussi une histoire de la jeunesse elle-même, car c’est au moment où la société de consommation se développe que la jeunesse accède à des loisirs, ou plutôt crée ses propres loisirs et devient prescriptrice des tendances. C’est encore en 1962 qu’est créé le magazine Salut les copains, référence de la génération des yéyés (Johnny Halliday, Sylvie Vartan…) où Jean-Marie Périer officiait en tant que photographe.
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Les luttes antiracistes en musique
L’installation de populations des anciennes colonies ne se fait pas sans heurts : le racisme accompagne aussi l’effervescence culturelle. La musique et la fête servent très vite d’armes pour défendre un nouvel idéal de société mixte. Ainsi, le carnaval de Nothing Hill, organisé par les communautés caribéennes, naît en 1966 en réaction au racisme manifesté au début de la décennie par les Teddy Boys.
La fin de l’exposition se concentre un peu plus sur la France, et sur les marges urbaines qui s’apprêtent à prendre le contrôle du game musical. Fin des années 1980, on ne peut plus parler de “musique du monde” : les mobilisations contre le racisme le prouvent, les visages de Paris et Londres ont changé et sont multiculturels.
La globalisation est en marche, et les pratiques dérivées des soundsystems venus de Jamaïque (encore une fois) révolutionnent l’écriture musicale. Grâce au sample, les scènes hip-hop se développent autant que les musiques électroniques. C’est l’essor des clubs, de boîtes mythiques comme Le Palace à Paris, La Main bleue à Montreuil ou l’Electric Ballroom à Camden, où la jeunesse se mélange, jusqu’au bout de la nuit.
“Paris-Londres Music Migrations (1962-1989)”, exposition à voir jusqu’au 5 janvier 2020 au Musée national de l’histoire de l’immigration (Paris).