Le photographe Manol Valtchanov est parti au nord de la Grèce, sur la péninsule du mont Athos habité par des moines orthodoxes depuis plus de 1 000 ans.
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Le mont Athos est une presqu’île grecque, quasiment autogérée par les nombreux moines orthodoxes qui la peuplent. Aussi appelée “Sainte Montagne”, elle fonctionne comme un micro-état autonome où les hommes orthodoxes (de toutes origines) se vouent totalement à Dieu, et ce depuis plus de 1 000 ans. On compte pas moins de 20 monastères orthodoxes.
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Cet endroit est considéré comme un rite de passage, comme un lieu de pèlerinage pour tout homme orthodoxe. D’ailleurs, on ne croise pas que des religieux mais aussi des marins, des soldats de l’armée russe, des gangsters, des millionnaires, des hommes d’affaires, et tous ces hommes se mélangent.
Le photographe Manol Valtchanov a séjourné sur ce territoire et a fait un constat assez choquant : “Depuis toujours, les femmes sont interdites sur le territoire afin d’éviter toute tentation aux hommes ayant juré seule fidélité à leur foi.” Le contact avec ces moines n’était pas facile : “Il était interdit de les photographier”. Il nous précise également que pour gagner leur confiance et leur arracher quelques clichés, il a dû les aider dans leurs tâches quotidiennes.
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Quand on demande au photographe comment il a trouvé un tel endroit, il nous répond que son oncle s’y était rendu quand il était jeune et qu’il lui en avait parlé. Lors d’un dîner en famille, il y a eu un grand débat autour de la religion et Manol s’est souvenu de ce que son oncle lui avait raconté :
“Je voulais savoir ce qu’était la religion vécue à l’extrême chez les peuples occidentaux. Après les attentats de 2015, il y a eu beaucoup de débats autour de la laïcité et la religion en France. Et je voulais voir si le christianisme, poussé à son extrême, avait quelque chose de plus positif qu’une autre religion rigoriste.
D’origine bulgare, j’avais une image plutôt positive de l’orthodoxie, mais au final, quelle que soit la religion, l’exercer dans l’extrême n’est pas spécialement bon, car cela peut tendre à minimiser ses aspects positifs. J’y ai fait des belles rencontres, mais j’ai aussi vu beaucoup d’intolérance, de déni et de gens fermés d’esprit”.
À propos de l’atmosphère générale qui se dégage d’un tel lieu, il confie :
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“Se rendre à Athos n’est jamais anodin. Le trajet se fait par la mer, et il est le théâtre d’un fascinant mélange humain et d’une forte interaction entre les visiteurs. On vient y chercher quelque chose, voir, sentir, non pas uniquement le spirituel mais aussi l’olfactif et le visuel.
Une déconnexion très brève pour certains, définitive pour d’autres. Les règles et conditions de vie encore très traditionnelles, parfois difficiles, doivent strictement être appliquées par les habitants aussi bien que par les pèlerins.”
Malgré ce mode de vie pour le moins religieux et archaïque, l’île tend à se moderniser. Manol rapporte avoir vu des “véhicules motorisés sur des routes montagneuses encore mal tracées”, le téléphone et Internet installés dans certains monastères, et des smartphones et des croix se côtoyer dans les mains des moines. “Un paradoxe plutôt saisissant. C’est un endroit où l’on s’éclaire à la bougie mais où la Bible se lit sur iPad”, conclut-il.