Le photographe Yannis Mouhoun a fait un tour d’Europe en 40 jours, parcourant 9 pays et délivrant son manifeste sur ce continent si paradoxal.
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Financé sur Kiss Kiss Bank Bank, le projet Europa, imaginé par Yannis Mouhoun, se concentre sur la conception que se fait la génération Y de l’Europe : cet ensemble géographique paradoxal, à la fois politique, problématique, utopique et précieux. En faisant le tour du continent en 9 pays, en 15 000 kilomètres et en 40 jours, il a parcouru, de long en large, cette entité chimérique.
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Un manifeste générationnel
Selon Yannis Mouhoun, l’Europe est une réalité qui “cristallise les angoisses et les espérances de millions d’âmes dans un monde où il est de plus en plus difficile d’appréhender l’altérité et de définir l’identité”. C’est une problématique qui l’a plongé, comme un besoin irrésistible, dans ce projet. Il explique :
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“En cherchant à être la synthèse d’histoires nationales et la somme de traditions régionales, avec la somme des histoires nationales dont elle a voulu faire la synthèse, l’Europe a oublié d’exister par elle-même, d’écrire son récit, d’ancrer sa mystique dans les consciences collectives.”
Lui-même né dans les années 1990, il fait partie de cette génération Y qu’il décrit comme étant “autodidacte, celle du savoir partagé et de l’universalisme”. En effet, cette génération n’a pas connu de traumatisme historique comme nos ancêtres, de grandes guerres ou de grandes révolutions. Et pourtant, elle veut trouver son chemin et son sens dans l’histoire. Il ajoute :
“Nous avons reçu l’Europe en héritage, au prix du sang et des larmes. Les voix de Robert Schuman, de Jean Monnet, de Winston Churchill, de Paul-Henri Spaak, de Konrad Adenauer et de François Mitterrand se sont éteintes depuis longtemps. Les visionnaires s’en sont allés, laissant derrière eux un mirage. Aujourd’hui, c’est à nous de parler, d’imaginer, de convaincre. Nous sommes les ambassadeurs d’un mode de vie, de valeurs communes, d’une culture partagée.”
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C’est pour cette raison, cette envie de témoigner, qu’il a lancé ce projet, pour lequel il a foulé les sols de plusieurs capitales, s’est arrêté devant les vues les plus imprenables : de l’Islande à l’Allemagne, en passant par la France, l’Espagne ou l’Irlande. En images et en paysages, il nous raconte son épopée.
Les différentes étapes du parcours
Islande, 29 juillet 2016
“À mi-chemin entre l’Europe et les États-Unis. Ou presque. Grand bond vers le nord, au cœur des glaciers et des volcans. Ici, la voiture est notre meilleure alliée. Les paysages sont lunaires, chaque recoin de l’Islande est une attraction visuelle. Les pancartes indiquent des villages à deux fermes et une église. Espaces immenses, grands glaciers, cratères, chutes d’eau, fjords. C’est un monde à part. Mystique. S’y rendre une fois, c’est vouloir y retourner.”
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Alfama, Lisbonne, 16 juillet 2016
“Toujours plus au sud, nous foulons désormais les rues pavées de Lisbonne. Ça monte et ça descend entre des habitations aussi humbles que pittoresques. Les façades, abîmées et colorées. Fenêtres ouvertes, linge qui sèche, une vieille nous regarde depuis son balcon. Les touristes envahissent les rues et le français devient seconde langue officielle de la capitale le temps d’un été.”
Berlin, 25 juin 2016
“Un géant qui ne dort jamais. Pas d’heure pour manger, pour boire, ni pour dormir dans ce bouillon de culture et de diversité huit fois plus grand que Paris. La jeunesse internationale s’y est installée avec ses codes et ses couleurs, tandis que la ville nous conte son histoire à travers les bâtiments, l’architecture et les musées.”
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Bonassola, 22 juillet 2016
“C’est aux abords de la Méditerranée que l’Italie éternelle se jette du haut de ses falaises. Entre chemins escarpés et routes sinueuses se dissimulent les paysages intemporels des Cinque Terre. Creusés par les trains, dessinés par les voitures, monts et valons verdoyants abritent des villages historiques. La vie y est douce et ensoleillée.”
Irlande, 7 juillet 2016
“Rouler à gauche en traversant des paysages féériques. Respirer le grand air. Buter sur un accent original. Boire une Guinness. L’Irlande s’est offerte à nous… Verte et puissante. Pluvieuse puis rayonnante, elle nous a chanté le bruit sourd de la mer contre ses falaises. Deux cents quatorze mètres de hauteur, huit kilomètres de longueur, que mouettes et goélands survolent fièrement.”
Copenhague, 1 juillet 2016
“Cap vers la mer du Nord, la ville des pêcheurs et des intérieurs cosy. Copenhague est une capitale accueillante où règne le civisme. Sourire avenant. Sourire gêné. Sourire tout court ! Les restaurants sont excellents, les bars agréables et les parcs magnifiques. Paradis des créateurs en quête de calme, destination à touristes, la ville crie plus fort l’anglais qu’elle ne parle le danois.”
Paris, 5 août 2016
“Nous avions commencé par un symbole européen, voici celui de la France, la ‘ville lumière’. Après quarante jours de tournage dans huit pays, elle reste incroyable. Incroyable à photographier. Filmer. Parcourir. Au coin d’une rue, dans un parc, face à un monument, Paris charme, enivre et impressionne.”
Madrid, 12 juillet 2016
“Madrid, l’été, est une fournaise. Fournaise urbaine que nous avons troquée contre un parc fleuri le temps de quelques heures. Magnifique et inspirant.”
Strasbourg, 22 juin 2016
“L’Europe, ce mythe fondateur de la culture occidentale, nous a poussés à mettre les voiles pour découvrir paysages et visages de nos contrées. C’est dans une de ses capitales officielles, Strasbourg, ville paisible et charmante, que nous commençâmes. Chaleur étouffante, légère brise, nous parcourons les rues, la tête dans les nuages.”
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