En 2020, pendant le premier confinement, l’artiste Magenta LN était comme le reste d’entre nous : à chercher un peu d’occupation sur son téléphone. Elle a cependant fait preuve d’un peu plus de créativité que le reste des mortel·le·s en demandant à sa “communauté sur Instagram” de lui “envoyer des nudes pour qu‘[elle] les dessine et leur renvoie une photo” que ces dernier·ère·s pourraient alors “envoyer à leur crush”.
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Au départ, l’idée part “un peu comme une blague”, nous confie-t-elle. “Je cherchais des modèles pour dessiner des corps et, selon moi, tout le monde peut être modèle. Le concept a tout de suite plu, je dessinais à ce moment un nude par jour que je postais sur Instagram”, poursuit l’artiste actuellement en résidence au 59 Rivoli, à Paris.
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Ravie du retour enthousiaste de ses modèles, Magenta LN se rend compte du pouvoir que son projet a sur la confiance et l’acceptation de soi : “Le fait de se prendre en photo aide beaucoup à s’accepter, à se mettre en valeur, en avant, à se trouver désirable, parfois à se réapproprier son corps.”
Pour beaucoup d’apprenti·e·s modèles, envoyer son corps nu à une inconnue représentait un défi, récompensé par un nouveau regard sur leur corps : “Le fait de se voir dessiné·e, de voir son corps en peinture, de le voir autrement, en formes et en couleurs, a permis a beaucoup de se décomplexer, et a engendré une certaine satisfaction du fait d’être modèle et d’avoir posé pour un dessin, une peinture.”
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Pour l’artiste, qui continue de dessiner les nus de ses abonné·e·s, “le fait de voir tous ces corps différents est une ode à nos corps, à tous les corps”. Point important : les corps ont beau être nus et destinés à être envoyés en signe de désir et d’affection, ils ne sont “pas sexualisés”. “Ils sont ombres et lumières, formes et couleurs”, précise celle qui est également tatoueuse.
Cette ode à toutes les chairs ne doit cependant pas être vue comme une démarche affirmée de “body-positivisme”, souligne Magenta LN. “Je pense que l’injonction à devoir à tout prix aimer tout de son corps est irréaliste et moralisatrice. Nous avons tous des complexes qui sont fluctuants et il n’existe personne qui aime son corps à 100 %, tous les jours de sa vie. Ce n’est pas le but recherché.”
L’artiste envisage son travail comme “une recherche d’émancipation”, “une véritable catharsis, […] un moyen d’extérioriser [sa] colère et de transformer [ses] frustrations”. Une quête partagée généreusement avec son public-modèle, grâce à “un univers décomplexé mettant en scène des femmes libres, fièrement indépendantes, assumant leur corps, leurs sexualités et leurs émotions”.
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Vous pouvez retrouver le travail de Magenta LN sur son compte Instagram, son compte dédié au tatouage et sur son Artsper. L’artiste est actuellement en résidence au 59 Rivoli.