Des ouvrages du début des années 1980 côtoient les œuvres contemporaines de Hannah Darabi au Bal.
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L’année 2019 marque le quarantenaire de la révolution iranienne, qui voyait les revendications des citoyens exploser avant que soit destitué le shah et que l’ayatollah Khomeini passe au pouvoir. À l’occasion de leur seconde édition de “Performing Books“, un format qui présente chaque janvier la collection de livres d’un artiste, Le Bal a donné carte blanche à Hannah Darabi.
L’artiste native de Téhéran présente donc l’exposition “Rue Enghelab“, une sélection de livres publiés pendant une “courte période de relative liberté d’expression”, précise le musée parisien, entre la chute du shah et les débuts du gouvernement islamique. La collection, qui s’étend de 1979 à 1983, témoigne des bouillonnements révolutionnaires, textuels, photographiques et artistiques de l’époque. Le nom de l’exposition renvoie d’ailleurs à une rue de Téhéran “qui concentre un nombre important de librairies et de maisons d’édition. Le mot ‘Enghelab’, qui, en persan, signifie ‘Révolution’, fut choisi pour désigner cette rue peu après les événements de 1979”, précise l’artiste.
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Une période de bouillonnement artistique
Ces livres sont non seulement une fenêtre sur cette période dense de l’histoire iranienne, mais apportent également un autre éclairage sur la situation actuelle du pays. L’anthropologue et chercheuse au CNRS Chowra Makaremi insiste d’ailleurs sur l’intérêt de cette “période à cheval entre deux régimes [qui] nous invite à regarder la société iranienne en nous affranchissant de la césure nette de la révolution qui marque l’histoire de ce pays”.
En plus d’éviter l’écueil qui consisterait à ne rester que d’un côté ou de l’autre de ce bouleversement historique, les ouvrages rassemblés permettent aussi de mettre en images l’effervescence culturelle et intellectuelle qui agite alors les différentes franges de la population souhaitant voir du changement au sein de leur société.
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Aux côtés des couvertures et extraits de ces publications, Hannah Darabi présente Reconstructions. Les œuvres issues de ce travail datant de 2018 mettent en relation les ouvrages de sa collection et des photographies contemporaines de Téhéran mais aussi de ses archives, qu’il s’agisse d’images familiales, provenant des médias ou de cartes postales. Entre ses constructions visuelles et la nouvelle vague photographique de l’époque, “Rue Enghelab” insiste bien sur la façon dont “l’image, omniprésente, en couleur, [est alors devenue] le fer de lance de la construction idéologique”. La balade iconographique du Bal nous fait ainsi voir d’un autre œil ce moment crucial de l’histoire iranienne.
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“Rue Enghelab” d’Hannah Darabi est visible au Bal jusqu’au 14 février 2019.