En tant que personne non binaire, Salgu Wissmath connaît les sentiments qu’engendrent les transidentités, à savoir lorsqu’une personne possède une identité de genre ne correspondant pas au genre assigné à la naissance. L’artiste, qui réside à Sacramento, a décidé d’explorer les transitions de plusieurs personnes à travers une série photo mettant en lumière leurs manifestations et conséquences au quotidien. Son projet Documenting Dysphoria réunit des portraits de personnes transgenres, non binaires ou gender fluid. Mises en scène, ces photos intimes veulent illustrer leurs expériences personnelles.
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“La dysphorie de genre est une expérience éminemment importante chez les personnes transgenres et c’est souvent cela qui leur permet d’appréhender leur propre identité. Malgré l’importance de cette expérience, la dysphorie de genre est cruellement incomprise par la société”, détaille Salgu Wissmath.
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“Avant de préparer le shooting, j’interrogeais chaque individu sur son identité de genre, son expérience de la dysphorie de genre et ce que la dysphorie signifiait pour lui”, retrace Salgu Wissmath. Selon les récits récoltés, Wissmath a proposé à ses sujets une mise en scène basée sur une pose, un lieu ou une métaphore pour retranscrire le plus fidèlement possible leurs émotions.
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Des portraits qui s’accompagnent de témoignages
Parmi ces portraits, on retrouve Mira, une femme transgenre qui ne se sent pas à l’aise dès lors qu’on lui rappelle sa transidentité. Elle se souvient notamment de son embauche dans une école, en tant que professeure. Son employeur avait affirmé que sa transidentité ne posait aucun problème, mais son attitude a finalement révélé tout l’inverse et, peu à peu, instituteur·rice·s, parents et élèves ont pris leurs distances avec Mira.
“Enseigner était devenu un cauchemar. J’y allais chaque jour en tremblant. Au milieu de la journée, lors du déjeuner, je m’enfermais dans ma classe et je pleurais. J’ai fini par démissionner”, raconte-t-elle.
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Pour Delfín, qui se considère “à la frontière de la masculinité et de la féminité”, l’identité passe essentiellement par le vêtement, surtout quand il faut se rendre à des événements ou des rendez-vous formels, donc “genrés”.
“Il y a des jours où je me sens à l’aise en me présentant au bureau de mon patron en jupe. D’autres jours, je suis très conscient·e de ma présentation, ce qui crée une barrière dans la façon dont les gens me perçoivent en tant que professionnel·le et en tant qu’expert·e.”
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Colère, douleur, confusion, frustration… Delfín passe alors par une palette d’émotions qui l’amènent parfois à remettre en question sa propre identité. “Suis-je réellement trans ? Peut-être que je ne suis pas trans ? Suis-je assez trans ? Ce sont beaucoup d’émotions contradictoires qui surgissent d’un coup.”
Sur le spectre du genre, Cricket se définit avec les pronoms féminins. Incomprise, notamment dans sa jeunesse, elle se souvient surtout du sentiment de solitude. “Je ne voulais le dire à personne. D’une certaine façon, j’étais très gênée à l’idée de montrer des signes de féminité ou d’aimer des trucs de filles publiquement. Je me souviens avoir dû mener une double vie.” À travers ce projet, Salgu Wissmath apporte un éclairage multiple et touchant de vérité.
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