Passionné par la défense des droits humains, le duo composé par Stevie Verroca et Mada Refujio cherche à rendre ses lettres de noblesse à une pratique “toujours considérée comme taboue, comme une façon peu fiable de faire de l’argent” : le strip-tease.
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Pour les photographes, ce tabou, qui persiste malgré l’attrait certain de la pratique dans la société et les nombreuses références qu’y font “les domaines de l’art, de la mode et du cinéma”, est directement lié à “la relation difficile qu’entretiennent les États-Unis avec le sexe”.
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Les paradoxes et ambivalences de ce monde assez énigmatique, faisant l’objet de tant d’attentions culturelles, financières et politiques, ont poussé le duo à “explorer la culture du strip-tease”. En rencontrant des performeurses, Stevie et Mada ont “découvert les obstacles récurrents qui se dressaient sur le chemin de leur mode de vie jugé comme alternatif”. Cette exploration prend la forme d’une série photo accompagnée de témoignages des strip-teaseuses.
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Les images ont été prises à travers tout le pays, le duo rencontrant ses modèles “sur Instagram, en personne dans les clubs et, parfois, sur recommandation d’autres modèles”. Il était important pour Stevie et Mada de couvrir le plus de territoires possible, parce que “faire du strip-tease à Miami, en Floride, est très différent de faire du strip-tease dans une petite ville du fin fond de la Virginie”.
C’est par souci du détail et d’objectivité que le binôme a tenu à enregistrer les entretiens menés avec leurs modèles et à prendre des photos dans “le plus d’États possible”. “Les visions politiques, les opportunités financières et les environnements de travail varient d’une danseuse à l’autre dans chaque ville.”
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Les enregistrements visent à compléter les portraits, qui pourraient ne raconter qu’une partie de l’histoire, notamment parce qu’ils sont pris par deux personnes qui ne dansent pas elles-mêmes. “On pense qu’il est crucial de partager chacune de leurs voix.”
Cette diversité de profils permet également aux photographes de renverser les clichés associés au monde du strip-tease, notamment l’idée que ces personnes qui dansent dans les clubs “dansent parce qu’elles n’ont pas d’autres choix, parce qu’elles sont obligées de le faire, parce qu’elles ne sont pas allées à l’école et qu’elles sont des victimes”.
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Mais la plupart des artistes, appuient Stevie et Mada, voient bien leur profession “comme un choix, comme une véritable carrière” : “Elles affirment leur autonomie dans leur capacité à choisir pour qui elles se produisent, quand elles se produisent et comment elles s’habillent pour se produire. Avec notre série, on veut leur donner du pouvoir, faire en sorte qu’elles se sentent en maîtrise lorsqu’on crée des images ensemble.”
Stevie et Mada précisent que “chaque séance photo est un processus collaboratif”. Sachant que les modèles sont choisies pour leur “style personnel, leur technique, leur histoire ou leur personnage sur scène”, les photographes les encouragent à se libérer, à faire rayonner leur personnalité et à improviser face à l’objectif.
Les looks imaginés par la styliste Alison Marie Isbell, sont souvent agrémentés des “vêtements et accessoires favoris” des modèles. La série vise d’une part à mettre en valeur la beauté, le style et les talents des danseuses, mais aussi à souligner les réalités et les dangers de leur métier, les préjudices physiques et moraux “que la plupart des autres travailleurs ne connaissent pas”.
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“Il y a tout un monde non conventionnel, et plus on le voit et plus on le montre, moins il semble peu conventionnel. Avec nos images, on espère participer au début autour de la dépénalisation du travail du sexe aux États-Unis et promouvoir l’égalité des droits et la protection des danseurs et danseuses partout dans le pays”, exprime le duo.
Vous pouvez retrouver le travail de Stevie et Mada sur leur site et sur leur compte Instagram.