Les pionniers du hip-hop immortalisés par Sophie Bramly

Publié le par Konbini avec AFP,

© Sophie Bramly

"On me dit souvent : 'Tu as toujours eu l’instinct pour savoir où il fallait être', mais quel instinct ? Je n’ai fait qu’écouter la musique."

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Sophie Bramly fut une des rares photographes à documenter les débuts du hip-hop entre 1982 et 1984 à New York. Ses images sont rassemblées dans un livre intitulé Yo! et au sein de l’exposition “Hip-Hop 360” à la Philharmonie à Paris, jusqu’en juillet 2022.

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Il y a quarante ans, quand la culture hip-hop crépitait dans les quartiers du Bronx, du Queens ou de Brooklyn, “il n’y avait pas des tonnes d’objectifs, un petit peu, mais il m’est souvent arrivé d’être seule, il faut dire que ça ne représentait rien pour personne à cette époque”, sourit Sophie Bramly, auprès de l’AFP.

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Au fil des pages de son ouvrage Yo!, on croise des précurseur·e·s du hip-hop, dont les noms ne sont pas forcément parvenus aux oreilles du grand public, comme Afrika Bambaataa ou Kool Herc. On voit aussi le graffeur Futura 2000, avant qu’il ne devienne une star du milieu, en train de sauter le tourniquet du métro.

Fab 5 Freddy et Uncle O aux Bains Douches, Paris, 1984. (© Sophie Bramly)

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Proximité et complicité avec les sujets transpirent. Ses “deux portes d’entrée”, comme elle les nomme, sont Bernard Zekri, Français installé à New York et considéré un des passeurs du hip-hop et une “copine qui sortait avec [le graffeur] Fab Five Freddy”. À l’époque, Sophie Bramly a 22 ans et cumule sa formation dans une école parisienne d’arts graphiques et ses premiers pas comme photographe de magazines avant de tenter l’aventure à New York.

En vue, des piges pour Paris Match et une agence photo. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, elle ne croule pas sous les commandes. “C’était la galère, mais mes problèmes à trois balles de petite bourgeoise, ce n’était rien à côté de la vie des gens du hip-hop dans le Bronx, zone qui ressemblait à un pays en guerre, avec plus d’immeubles détruits que debout.”

Elle ajoute : “L’ensemble des disciplines du hip-hop, le graffiti, la musique, la danse, servent à rendre beau ce qui est moche, à trouver sa place dans le désert : cette vitalité, cette espèce de potion magique, je me suis permise de l’absorber avec eux.”

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“Embarquer toute la planète”

Certaines images sont pleines de tendresse, comme quand elle rentre dans les chambres de rappeurs et graffeurs en herbe qui vivent encore chez leur mère et ne pensent pas à faire carrière. “C’est dingue, les 152 personnes que j’ai répertoriées à l’époque – dont la notoriété s’arrêtait pour beaucoup au coin de la rue – ont réussi à embarquer toute la planète avec eux. Aujourd’hui, des gens […] subissent l’influence de cette culture hip-hop, qui est partout, sans que les pionniers soient toujours remerciés.”

Danseurs à la Grange aux Belles, Paris, 1984. (© Sophie Bramly)

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Les anecdotes fusent. “Un jour, un type me fait écouter un titre sur son ghetto-blaster qui me rend dingue, il m’appelle des mois plus tard, me dit : ‘Va chercher le disque chez Rick Rubin dans sa chambre d’étudiant’, et je me retrouve avec ‘Cooky Puss'”. C’est le titre du premier morceau des Beastie Boys. Rick Rubin deviendra un producteur incontournable, et propulsera notamment les Red Hot Chili Peppers dans les années 1990.

L’histoire de Sophie Bramly prend ensuite des détours inattendus. Forte de ses connexions, elle se retrouve parmi les fondateur·rice·s de H.I.P.H.O.P, première émission TV sur le rap en France, éphémère et devenue culte. Ou encore productrice animatrice à Londres de Yo!, premier show sur le rap par MTV Europe, qui deviendra Yo! MTV Raps pour les États-Unis.

Aujourd’hui, la photographe fait toujours de la photo et travaille sur des projets pour la télé, ou d’autres supports, qui tournent autour de la musique ou de la culture de rue. “On me dit souvent : ‘Tu as toujours eu l’instinct pour savoir où il fallait être’, mais quel instinct ? Je n’ai fait qu’écouter la musique.”

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Konbini arts avec AFP.