C’est sous les conseils d’un ami que le photographe italien Lorenzo Castore se retrouve en 2004 à traverser pour la première fois San Berillo, un petit quartier de Catane en Sicile, connu pour être le quartier rouge de la ville. Lorenzo Castore décrit ce lieu composé de quatre rues ainsi : “Un territoire séparé”, “Une île sans la mer autour d’elle ou un château sans fortifications”, “Un village privé qui ressemble presque à une maison à ciel ouvert.”
Publicité
Ses premiers pas se font par tâtonnement. Il rencontre d’abord Franchina dont il prend quelques photos. Cioccolatina, elle, lui propose d’entrer dans sa chambre pour vivre une expérience inoubliable, ce que Lorenzo Castore refuse. Il reste néanmoins discuter un peu en attendant le prochain client.
Publicité
Les années passent et le photographe revient plusieurs fois dans le quartier quand il est de passage à Catane. Il engage à chaque fois la conversation avec des femmes transgenres mais sans imaginer réaliser une série photographique entière sur le sujet.
Publicité
Le déclic vient à deux reprises. D’abord, en s’intéressant à la fête religieuse la plus importante de Catane, celle de la Sainte-Agathe, puis, en rencontrant Lulù en 2014. Lulù “est une femme née dans le corps d’un homme” et dont la famille a accepté pleinement son identité depuis son plus jeune âge. Son père l’appelait même : “Ma petite fille”, une ouverture d’esprit rare dans le sud de l’Italie des années 1960 et 1970.
Cette acceptation est loin d’être commune aux autres girls de San Berillo. “Le plus souvent, les histoires sont violentes”, raconte Lorenzo Castore. Des histoires dramatiques qui mènent à des exils douloureux mais quelquefois, après une longue période de déni, à un happy ending ou au moins à une réconciliation.
Publicité
Entre 2015 à 2019, Lorenzo Castore revient à San Berillo au rythme de quatre fois par an. Après Franchina, Cioccolatina et Lulù, il rencontre Ramona, Brigida, Ornella, Monica the Viking, Fiorella, Rosa, Ambra, Graziella et d’autres encore. Elles sont pour la plupart siciliennes. Elles mènent parfois une double vie que le photographe découvre en les suivant des journées entières.
Dans son livre Glitter Blues édité par Blow Up Press, le photographe rend un vibrant hommage, poétique et humain à ces personnes qui “vivent pour être [acceptées] pour qui [elles] sont, pour avoir la liberté d’être [elles]-mêmes avec toutes les contradictions que cela comporte”.
Publicité
Publicité
Glitter Blues de Lorenzo Castore est publié aux éditions Blow Up Press.