L’Assemblée nationale unanime a voté un projet de loi en vue de la restitution de quinze œuvres d’art aux ayants droit de familles juives spoliées par les nazis. Face à ces ayants droit, présents en tribune, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a salué un texte “historique”, validé sous les applaudissements par 97 voix. Il doit être adopté définitivement par le Sénat le 15 février 2022.
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La spoliation était “la négation de l’humanité [de ces familles juives], de leur mémoire, de leurs souvenirs”, a souligné la ministre. Parmi les quinze œuvres se trouve Rosiers sous les arbres de Gustav Klimt, acquis en 1980 par l’État chez un marchand et conservé au Musée d’Orsay depuis. C’est la seule œuvre du peintre autrichien appartenant aux collections nationales françaises. Des recherches approfondies ont permis d’établir qu’il appartenait à une Autrichienne qui l’a cédée lors d’une vente forcée à Vienne en 1938, lors de l’Anschluss, avant d’être déportée et assassinée.
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Onze dessins et une cire conservés au Musée du Louvre, au Musée d’Orsay et au Musée du Château de Compiègne ainsi qu’un tableau d’Utrillo conservé au Musée Utrillo-Valadon (Carrefour à Sannois) font également partie des restitutions prévues.
Un tableau de Chagall, intitulé Le Père, conservé au Centre Pompidou et entré dans les collections nationales en 1988, a été ajouté. Il a été reconnu propriété de David Cender, musicien et luthier polonais juif, immigré en France en 1958. Pour treize des quinze œuvres, les ayants droit ont été identifiés par la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS), créée en 1999.
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Bachelot a évoqué un projet de loi “historique” : “C’est la première fois depuis l’après-guerre que le gouvernement engage un texte permettant la restitution d’œuvres des collections publiques.” Quelque 100 000 œuvres d’art auraient été saisies en France durant la guerre de 1939-1945, selon le ministère de la Culture. 60 000 biens ont été retrouvés en Allemagne à la Libération et renvoyés en France. Parmi eux, 45 000 ont été restitués à leurs propriétaires entre 1945 et 1950.
Environ 2 200 ont été sélectionnés et confiés à la garde des musées nationaux et le reste (environ 1 000 objets) a été vendu par l’administration des Domaines au début des années 1950. De nombreuses œuvres spoliées sont ainsi retournées sur le marché de l’art. De gauche à droite, les parlementaires se sont félicité·e·s d’une “action juste”, qu’il faudrait “accélérer”.
La ministre s’est dite favorable à une prochaine “loi-cadre” pour le permettre, tout en pointant “la complexité des dossiers”. La communiste Elsa Faucillon a insisté sur l’importance de “regarder notre histoire en face” : il s’agit de “redire le passé, à l’heure où certains le révisent et tentent de réhabiliter Vichy”, a-t-elle déclaré en référence au candidat d’extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour.
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Konbini arts avec AFP.