“En tant que jeune femme ayant souffert de troubles du comportement alimentaire, je connais bien l’impact que les médias peuvent avoir sur l’image de notre corps”, livre Fanny Beckman. Pour renverser l’effet néfaste que peut avoir la photographie sur la perception des corps dans le paysage médiatique, elle a décidé de s’approprier le médium et de réaliser Women of My Generation, une série de portraits de femmes posant en sous-vêtements dans l’intimité de leur chambre.
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“Des statistiques du National Health Service [le système de santé public britannique, ndlr] démontrent que les TCA causent davantage de décès que tout autre trouble de santé mentale. J’explore la responsabilité de la photo vis-à-vis de ces statistiques et comment elle peut être utilisée pour éviter cette situation plutôt que l’amplifier”, nous confie la photographe britannique.
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Toutes les femmes photographiées n’ont pas forcément souffert de TCA, précise Fanny Beckman, mais “la plupart a une relation compliquée au corps ou à la nourriture”. Pour sortir de ce cercle vicieux – souvent induit par des images qui incitent les femmes à “perdre tant de temps, d’énergie et d’argent pour leur apparence” –, l’artiste a fait appel à des femmes “qui ne se sentaient pas représentées dans les médias” sur Instagram.
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“J’ai expliqué que je recherchais un large éventail de personnes et que l’objectif était de questionner les standards de beauté. J’étais émerveillée par le nombre de femmes qui voulait s’impliquer dans le projet – des amies mais aussi des inconnues.
J’étais aussi surprise par le fait que beaucoup d’entre elles ne se sentaient pas à l’aise dans leur peau. Je pensais que seulement des personnes très à l’aise me laisseraient les prendre en photo, mais il s’avère qu’elles ont vu le projet comme une opportunité d’évoluer, de se lancer un défi et d’améliorer leur rapport au corps.”
Déterminée à ce que son projet inspire confiance et acceptation de tou·te·s, Fanny Beckman a souhaité photographier ses modèles dans leur chambre, où leur personnalité se lit à travers chacun des objets dispersés à leurs côtés. De plus, chaque séance de pose était précédée de “longues conversations autour d’une tasse de thé”. De ces discussions à cœur ouvert, la photographe a tiré un podcast, transformant Women of My Generation en un projet multimédia.
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“Les séances sont toujours très intimes, les modèles s’ouvrent beaucoup, j’ai appris beaucoup de choses. Par exemple, je ne me rendais pas compte à quel point il était commun pour les mères de projeter leurs propres troubles sur leurs enfants. Je dirais que 90 % des femmes du projet partagent cette expérience.
La plupart du temps, ça se passe de façon insidieuse, quand les parents parlent de façon négative de leur corps devant leurs enfants, ou se mettent constamment au régime. Les enfants font ce que leurs parents font, et pas toujours ce qu’ils disent, donc voir ces habitudes au quotidien peut les faire s’interroger. Le fait que je ne sache pas à quel point cela est habituel prouve le tabou que constitue le sujet des troubles alimentaires.”
Photographiées en lumière naturelle, les femmes fixent l’objectif sans forcément sourire ou poser. Auréolées de douceur, ancrées dans l’intimité des modèles, les images se veulent être un plaidoyer de body-positivisme, pour l’acceptation de soi et des autres, et l’ouverture de la parole autour des troubles alimentaires.
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Vous pouvez retrouver le travail de Fanny Beckman sur son site et sur son compte Instagram. Le podcast Women of My Generation est disponible sur toutes les plateformes.