Lorsque surviennent les attentats du 11-Septembre, Alexandra Rose Howland a 11 ans. Aux États-Unis, elle grandit dans un paysage hanté par la peur d’un “Moyen-Orient terroriste” et d’un discours truffé de stigmatisations et d’amalgames, accompagné des politiques invasives de George W. Bush et sa “guerre contre le terrorisme”.
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En 2015, l’artiste émigre en Turquie avant, deux ans plus tard, de partir vivre en Irak. Là-bas, elle “découvre un pays très éloigné de ce à quoi elle s’attendait”, souligne la maison d’édition Gost Books. Déterminée à montrer la réalité de ce pays dont elle a tant entendu parler et dont elle ne connaît finalement rien, elle se rend bien vite compte que ce n’est pas à elle de faire porter sa voix et décide plutôt de mettre en lumière les archives des Irakiens et Irakiennes qu’elle rencontre.
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Créer une archive de témoignages directs
“Je me rendais de plus en plus compte que ce qu’un ou une étrangère est capable de capter grâce à une image ne reflète pas toujours la réalité vécue par les locaux”, détaille Alexandra Rose Howland. L’idée de son livre Leave and Let Us Go lui vient alors qu’elle passe plusieurs jours embarquée avec un agent des forces spéciales irakiennes :
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“[Il] me montrait les photos de son téléphone : sa femme, ses enfants, les personnes qu’il avait tuées, le jour où il avait reçu son diplôme universitaire, son mariage. Ce genre d’interactions m’arrivait souvent donc j’ai commencé à demander à recevoir ces images. Je voulais créer une archive pour les personnes qui voulaient qu’on témoigne de leurs histoires, et pas seulement qu’on les représente.”
Quatre ans, cinquante personnes et 350 000 images
Entre 2017 et 2021, l’artiste a rassemblé plus de 350 000 images, vidéos et documents venant d’une cinquantaine de personnes à travers tout le pays. Une aubaine pour Alexandra Rose Howland, qui est passée par la peinture abstraite avant de se mettre à la photographie en 2015 et qui s’épanouit dans une pratique artistique pluridisciplinaire.
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Pour ce projet, elle a associé photos, vidéos, textes, retranscriptions d’entretiens, images d’objets trouvés et archives journalistiques et familiales (en scannant des albums photo datant parfois d’un siècle). La photographe présente ces archives sous forme de collages, célébrant en même temps les moyens de communication privilégiés de la population.
En plus de coupures de journaux ou d’extraits de lettres, on retrouve par exemple des captures d’écran d’une galerie d’images remplie de selfies à envoyer à ses proches ou des vidéos Snapchat prises sur le front. Une façon de multiplier les voix et les angles pour faire part de réalités plurielles.
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Leave and Let Us Go d’Alexandra Rose Howland est disponible aux éditions Gost Books. La série est exposée au musée Foam d’Amsterdam jusqu’au 5 décembre 2021. Vous pouvez retrouver l’artiste sur son site et sur Instagram.