Le petit-fils de Picasso s’exprime sur les agissements du peintre envers les femmes

Publié le par Konbini avec AFP,

© Bettmann/Getty Images

Le mouvement #MeToo a fait la lumière sur les agissements de Pablo Picasso, un sujet que les musées et son petit-fils, Olivier, souhaitent aborder avec "justesse".

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Depuis les années 1980, plusieurs expert·e·s n’ont cessé de révéler le vrai visage du peintre, dont l’œuvre s’est nourrie de ses relations avec les femmes. Fernande Olivier, Olga Khokhlova, Marie-Thérèse Walter, Dora Maar, Françoise Gilot, Jacqueline Roque… Autant de “muses” aux noms cités maintes fois dans l’histoire de l’art, qui parlent “d’identités, de personnalités très différentes” et “de relations sur lesquelles mon grand-père ne s’est jamais exprimé publiquement”, dit à l’AFP Olivier Widmaier-Picasso.

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Ce dernier a consacré deux livres au peintre, né en 1881 à Malaga, en Espagne, et mort en 1973 en France, à Mougins, “en interrogeant son entourage encore vivant et les archives familiales” pour “remettre les pendules à l’heure”. “Il y a eu des montées, des descentes, des œuvres violentes, d’autres très tendres, très douces, on s’aperçoit à chaque fois qu’après avoir épuisé son inspiration, il passe à autre chose”, ajoute le fils de Maya Widmaier-Picasso, née de l’union de l’artiste espagnol avec Marie-Thérèse Walter, une “confidente privilégiée de son père jusque dans les années 1950”, selon lui. “Sans ses femmes, l’œuvre serait manquante.”

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“#MeToo a écorné l’artiste”, reconnaît Cécile Debray, directrice du musée Picasso à Paris, interrogée par l’AFP sur un podcast féministe créé par Julie Beauzac, dont un épisode consacré à Pablo Picasso (“Séparer l’homme de l’artiste”) a été suivi par 250 000 personnes. Pas question toutefois d’aborder le sujet “de manière frontale et univoque”, poursuit la directrice du musée.

Ce podcast donne la parole à Sophie Chauveau, journaliste et autrice de Picasso, le Minotaure qui décrit “l’emprise irrésistible et dévastatrice du génie sur ceux qui l’aimaient”. Mme Chauveau affirme avoir enquêté “pendant des années” sans toutefois avoir accès aux archives familiales. Elle évoque un peintre “génial” autant qu’un homme “violent”, “jaloux”, “pervers” et “destructeur”, “grand séducteur” n’hésitant pas à conquérir et abuser de très jeunes femmes.

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“Idole à abattre”

“L’attaque est d’autant plus violente que Picasso est la figure la plus célèbre et la plus populaire de l’art moderne. Une idole qu’il faut abattre”, ajoute Mme Debray. Les descendant·e·s de Picasso n’ont jamais attaqué le livre, préférant ne “pas lui donner d’éclairage supplémentaire”, selon Olivier Widmaier-Picasso.

“Comment résiste-t-on à une telle personnalité ?”, s’interroge-t-il. “Il y a [celles et] ceux qui s’en sont [sorti·e·s] et [quelques-un·e·s] qui ont eu du mal. Je ne pense pas que c’était volontaire et conscient, je pense qu’il avait une telle force de création qu’il s’est consacré à son art dès son plus jeune âge et à la fin de sa vie, il était face à la toile tout seul et n’avait besoin de personne.”

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Impossible néanmoins de faire l’économie d’un débat, concède-t-il. Mais “il faut montrer l’œuvre de manière didactique, riche et variée, dans sa radicalité formelle, à travers une large présentation de la collection et en invitant des regards contemporains”, explique Mme Debray.

Parmi ces regards : l’artiste française ORLAN et sa série Les Femmes qui pleurent sont en colère, qui propose une relecture de l’œuvre de Picasso “pour remettre la femme-sujet au centre” ; la plasticienne belge Farah Atassi, qui réinterroge la question du peintre et son modèle ; ou la plasticienne française Sophie Calle, exposée au Musée Picasso parisien. 

À Barcelone le musée Picasso a lancé une série d’ateliers et de colloques invitant spécialistes, historien·ne·s de l’art et sociologues à proposer une multiplicité de points de vue sur l’œuvre, qu’éclairent aussi des expositions consacrées à la sœur de Picasso, Lola Ruiz-Picasso, ou à Brigitte Baer, historienne de l’art spécialiste des gravures de Picasso.

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Konbini arts avec AFP.