L’artiste japonaise Yayoi Kusama est née au milieu des plantes. C’est durant son enfance, dans la vaste pépinière de son grand-père, qu’elle a vu pour la première fois des citrouilles, objets de fascination qui deviendront ensuite emblématiques de son œuvre.
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Le Jardin botanique de New York, plus de 100 hectares au cœur du Bronx, rêvait donc depuis longtemps de rendre hommage à cette plasticienne aujourd’hui âgée de 92 ans, dont les œuvres désormais connues dans le monde entier approchent des records aux enchères pour une femme artiste vivante.
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Après plusieurs années de travail, tout était prêt pour inaugurer une grande exposition au printemps 2020, explique Karen Daubmann, vice-présidente du Jardin pour les expositions. Mais la pandémie a tout reporté d’un an, et l’exposition “Kusama: Cosmic Nature” n’ouvre finalement ses portes qu’en avril 2020, alors que la vie culturelle new-yorkaise reprend progressivement.
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“C’est plus que de grandes citrouilles et de grandes fleurs, c’est vraiment un regard sur la vie d’une artiste incroyable […] et ses racines dans la nature”, dit Karen Daubmann. Depuis ses premiers dessins de fleurs et de feuilles, jusqu’à sa série plus récente baptisée Mon âme éternelle, l’exposition retrace sa progression artistique au travers des plantes, source permanente d’inspiration et d’introspection, selon Mika Yoshitake, conservatrice invitée pour l’exposition.
Comme en témoigne un Autoportrait, qui ressemble étrangement au cœur noirci d’une fleur de tournesol. “Elle a grandi avec des champs de fleurs, pivoines, zinnias, citrouilles”, précise Yoshitake. “Les contempler avec son grand-père, ce sont ses premiers souvenirs.”
Vedette d’Instagram
La suite sera plus tourmentée, faite de talents artistiques contrariés à l’adolescence par ses parents, puis de plus de quinze ans d’immigration aux États-Unis, essentiellement à New York. Admiratrice de Georgia O’Keeffe, Yayoi Kusama peine à s’imposer dans un monde de l’art encore très masculin et une Amérique d’après-guerre où les discriminations anti-japonaises sont monnaie courante.
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Mais pour cette avant-gardiste dont l’art est indissociable de périodes d’hallucinations et de troubles mentaux, la nature est aussi un monde de couleurs et de joie, à l’image de sa Citrouille dansante, sculpture géante créée spécialement pour l’exposition du Bronx.
Les “tentacules” de cette citrouille sont couverts des motifs à pois caractéristiques de l’œuvre de Yayoi Kusama. Symboles de “soleil et d’énergie”, selon Yoshitake, les pois ont contribué à faire de Kusama l’une des artistes les plus instagramables de la planète.
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Karen Daubmann espère que l’exposition, “pleine de couleurs et de gaieté”, battra des records d’affluence, comme ce fut le cas pour d’autres expositions sur l’artiste japonaise avant la pandémie, notamment au Cleveland Museum of Art, en 2019. Au vu des photos mises en ligne par les premier·ère·s visiteur·se·s, son succès, sur les réseaux sociaux au moins, semble assuré.
Motifs à pois, mailles de filets, fleurs, couleurs vives, les thèmes récurrents de quelque 75 ans de carrière sont là. Tout comme les boules d’acier réfléchissantes du Jardin de Narcisse, qui roulent lentement au gré du vent new-yorkais, 55 ans après avoir été installées une première fois, sans autorisation, à la Biennale de Venise.
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Yayoi Kusama – qui vit depuis 1977, volontairement, dans un établissement psychiatrique de Tokyo – ne viendra pas en personne voir cette exposition, prévue pour s’achever le 31 octobre 2021. Si elle continue de peindre au quotidien – notamment pour alimenter la série Mon âme éternelle, dont certaines toiles sont exposées dans le Bronx –, elle est en chaise roulante et ne sort quasiment plus de chez elle, souligne Mika Yoshitake.
“Kusama: Cosmic Nature”, une exposition à voir jusqu’au 31 octobre 2021, au Jardin botanique de New York.
Avec AFP.