La légende raconte que Damien Hirst a toujours été frustré de ne pas s’épanouir dans une carrière de peintre (médium préféré de sa mère, soit dit en passant). Après une tentative ratée de se mettre à l’art figuratif en suivant les pas de Francis Bacon dans les années 2000, l’artiste britannique a privilégié l’abstraction pointilliste (davantage saluée par la critique sous la forme de ses peintures de cerisiers en fleurs) et des sculptures et installations lui rapportant des espèces sonnantes et trébuchantes.
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Et il semble que le poids des années n’affecte pas la cote de l’artiste. Si les jeunes générations friandes de NFT ont préféré se concentrer sur des artistes émergent·e·s ou ne faisant pas partie des circuits traditionnels du monde de l’art, Damien Hirst a su tirer son épingle du jeu.
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En juillet 2021, l’artiste organisait sa toute première vente de NFT, “The Currency”. 10 000 morceaux d’une œuvre (appelés “tender”) faite d’une multitude de points multicolores étaient mis en vente à 2 000 dollars chacun, soit sous la forme de toiles physiques, soit en tant que crypto-art.
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Le New York Times rapporte que seulement 5 % des acheteur·se·s ont opté pour une version physique de l’œuvre tandis que le reste s’est rué sur les NFT et la possibilité d’en “faire commerce sur les plateformes de cryptomonnaie”.
Selon le magazine Artnet, en août dernier, le projet pesait déjà plus de 25 millions de dollars. Au plus fort des transactions, le 31 août 2021, un “tender” a atteint la somme de 136 893 dollars. Une réussite pour l’artiste, dont les ventes étaient passées de 268 millions de dollars en 2008 à 24 millions de dollars en 2021 et, surtout, beaucoup d’excitation pour quelqu’un qui n’a jamais caché son amour des fluctuations de marché.
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“Il y a environ 2 000 personnes qui parlent constamment de ‘The Currency’. Ça n’arrête pas de bouger : ça monte, ça redescend, ça a de la valeur une minute et plus rien la suivante. C’est comme une secte, et je suis le gourou”, a déclaré l’artiste au New Yorker.
Pas sûr que ce nouvel élan apporté par la vente de NFT convainque Damien Hirst et nombre de ses collègues du marché de l’art contemporain d’appréhender leur production artistique autrement que sous un prisme financier. D’artiste à businessman, la frontière est mince.