L’art kitsch et néo-pop de Jeff Koons est exposé à Marseille

Publié le par Konbini avec AFP,

© Jeff Koons/Pinault Collection/Mucem/Photo : Laurent Lecat

Un mariage osé entre la collection d’arts populaires du Mucem et les œuvres opulentes de Jeff Koons.

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Pour sa réouverture après sept mois de portes closes, le Mucem invite à un mariage osé. Le musée marseillais – qui a récemment lancé son compte TikTok– présente à cette occasion l’opulence des œuvres de Jeff Koons, maître américain du kitsch néo-pop, face à des objets du quotidien.

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Ici, le Balloon Dog magenta de Koons, gigantesque réplique en acier d’un ballon gonflé en forme de chien, fait face à un mur de photos noir et blanc du clown Mimile dans sa loge du Cirque d’hiver à Paris. Là, un buste en marbre blanc représentant l’artiste contemporain américain et la “Cicciolina”, son ex-compagne, semble observé par un Napoléon en vannerie grandeur nature du XIXe siècle.

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Jeff Koons, “Bourgeois Bust – Jeff and Ilona”, 1991, acquis conjointement par The d’Offay Donation avec l’aide du National Heritage Memorial Fund et du Art Fund 2008. (© Jim Strong, New York)

Dans les treize salles de l’exposition “Jeff Koons Mucem”, prévue du 19 mai au 18 octobre 2021, deux mondes se côtoient. D’un côté, vingt œuvres de l’artiste, dont 19 prêtées par la collection Pinault. De l’autre, quelque 300 objets sélectionnés par le sculpteur et peintre américain dans les réserves du Mucem, héritier des collections du musée des Arts et Traditions populaires de Paris.

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Venu une journée à Marseille en février 2019, puis trois jours en février 2020, Jeff Koons, 66 ans, a fouillé dans les réserves du musée. Et le dialogue final écrit par l’artiste est parfois surprenant. Comme cette salle où sa réplique en acier inoxydable d’un “titi” gonflable fait face à des coiffes en dentelle de Basse-Normandie.

Jeff Koons, “Titi”, 2004-2009. (© Pinault Collection/Courtesy of Gagosian/Photo : Robert McKeever)

Ailleurs, la relation est plus évidente, quand son Hanging Heart, énorme cœur rouge sang suspendu par des rubans dorés, côtoie des dizaines d’ex-voto en laiton ou en argent, eux aussi en forme de cœur. Mais aucun panneau ne vient traduire la démarche de l’artiste : “Il n’y a aucune explication sur les associations décidées par Koons, aucune clef de lecture, pour offrir une grande liberté d’interprétation aux visiteurs”, explique Émilie Girard, directrice scientifique du Mucem et co-commissaire de l’événement.

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Dans cette expo, les fans de Koons retrouveront certaines de ses œuvres les plus connues. Comme ses multiples répliques en acier ou aluminium de bouées gonflables pour enfants, du homard au dauphin en passant par le “chainlink”, combinant une tortue et un hippopotame.

Jeff Koons, “Lobster”, 2007-2012. (© Pinault Collection/Courtesy of Almine Rech/Photo : Marc Domage)

Une scénographie au centimètre près

Pour la première fois en Europe, les visiteur·se·s pourront admirer le Bluebird Planter : sorte de bibelot en porcelaine qui aurait été gonflé à l’hélium, cet oiseau multicolore est en réalité une jardinière géante. Et les fleurs qui émergent de son dos sont bien vivantes, choisies par une fleuriste d’Arles.

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“Artiste de la couleur”, le maître américain est mis en valeur par des fonds blancs, mais surtout par la lumière de la Méditerranée. “Nous avons enlevé les rideaux qui masquent habituellement le soleil et la vue sur la mer”, explique Pascal Rodriguez, le scénographe, marqué par la méticulosité avec laquelle Jeff Koons a surveillé l’installation de ses œuvres, à distance : “Le placement du Balloon Dog par rapport au cœur suspendu, il le voulait au centimètre près et cela nous a pris plusieurs heures.”

L’intérêt de cette exposition est aussi d’interroger sur la notion même d’art, avec cette cohabitation entre des œuvres parmi les plus chères au monde et des objets populaires. L’art n’est pas seulement inscrit dans une peinture de Van Gogh ou une sculpture, pour moi, l’art, c’est tout ce qui excite ou stimule le spectateur”, a estimé Jeff Koons. 

Jeff Koons, “Bluebird Planter”, 2010-2016. (© Pinault Collection/Courtesy of Gagosian/Photo : Fredrick Nilsen)

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Jeff Koons, “New Hoover Convertible”, 1981. (© Pinault Collection)
Jeff Koons, “Travel Bar”, 1986. (© Pinault Collection/Douglas M. Parker Studios, Los Angeles)
Marianne Kuhn, Pichets en céramique glaçurée, France, Moselle, fin du XIXe – début du XXe siècle. (© Mucem)
Jeff Koons, “Hanging Heart (Red/Gold)”, 1994-2006, vue d’installation à la Punta della Dogana, 2009. (© Pinault Collection/Palazzo Grassi/ORCH orsenigo-chemollo)
Jeff Koons, “Balloon Dog (Magenta)”, 1994-2000. (© Pinault Collection/FMGB Guggenheim Bilbao Museoa/Photo : Erika Barahona Ede)
Pierre Soulier, “Le clown Mimile dans sa loge du cirque d’Hiver”, 19 janvier 1960, France, Paris. (© Mucem)
Marianne Kuhn, “Ex voto”, France et Italie, XXe siècle. (© Mucem)
Jeff Koons, “Dolphin”, 2002. (© Pinault Collection/Photo : Tom Powel Imaging)
Jeff Koons, “Caterpillar Chains”, 2003. (© Pinault Collection/Photo : Tom Powel Imaging)
Marianne Kuhn, coiffe, XIXe siècle, France, Poitou-Charentes. (© Mucem)
Marianne Kuhn, épi de faîtage, première moitié du XXe siècle. (© Mucem)

“Jeff Koons Mucem”, une exposition à voir au Mucem du 19 mai au 18 octobre 2021.

Konbini arts, partenaire du Mucem.

Avec AFP.