En 2018, grâce à une analyse poussée du tableau Portrait d’une fille d’Amedeo Modigliani, le Tate faisait une découverte fracassante : un secret était niché derrière les couches de peinture de l’œuvre depuis un siècle. Achevée en 1917, cette peinture à l’huile montrait le visage d’une jeune femme aux yeux tombants et au joli grain de beauté, comme le peintre italien a l’habitude d’en peindre.
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Sauf que. Sous le portrait serré de cette femme brune se dissimulait une autre femme, au cou long, à la bouche pourpre et à la chevelure blonde et vaporeuse. Les rayons X d’une équipe de scientifiques ont pu percer à jour ce mystère : ils laissaient apparaître par transparence le corps entier de cette femme assise.
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Il était certes courant à l’époque que les peintres recouvrent de vieux tableaux pour débuter un autre dessin, pour des raisons économiques le plus souvent, mais des spéculations allaient bon train quant à l’identité de cette femme apparue en palimpseste.
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Une histoire d’amour torturée
Cette femme mystérieuse intriguait le monde de l’art. Grâce à l’imagerie stéréoscopique, à l’impression 3D et à l’intelligence artificielle, des spécialistes ont pu reconstituer entièrement le dessin caché. Les expert·e·s se sont mis·es d’accord pour statuer qu’il était fort probable que ce soit la poète britannique Beatrice Hastings, qui était l’amante de Modigliani et l’une de ses premières muses. Et blonde. Cette œuvre dans l’œuvre a été intitulée The Hidden Picture.
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Hastings aurait posé comme modèle vivante pour pas moins de quatorze œuvres du maître, rapporte Hyperallergic. Les deux amours se sont rencontrées durant l’été 1914, dans un café parisien. Au premier abord, Beatrice Hastings avait trouvé Modigliani “moche, féroce et cupide”. Des qualités qui lui ont – semble-t-il – suffi pour tomber profondément amoureuse.
Pendant deux ans, le couple a habité dans un appartement de Montparnasse. Très vite (et malgré leur alchimie créative), l’alcoolisme et leurs violentes altercations ont commencé à pourrir leur quotidien tranquille. Hastings a fini par partir, déclarant plus tard, en 1937 : “Une femme moderne veut être plus que l’ombre d’un homme. Elle veut vivre en plein jour.”
La toxicité de leur relation a eu raison de leur amour, et peut-être, est-ce par chagrin d’amour que Modigliani a peint une nouvelle femme sur son visage, comme pour l’effacer de sa mémoire. Il ne semble rester aujourd’hui de cette liaison que quelques tableaux la représentant et des croûtes dissimulées sous des couches de peinture impénétrables à l’œil nu.
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