Au Rijksmuseum d’Amsterdam, l’exposition “Revolusi ! Indonésie indépendante” examine les points de vue indonésiens et néerlandais sur la lutte pour la liberté de l’Indonésie, depuis la déclaration de son indépendance en août 1945 jusqu’à la reconnaissance néerlandaise en 1949, après quatre années de combats sanglants.
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“Nous voulions vraiment raconter ces histoires personnelles qui relatent des fragments de cette période très importante”, a déclaré à l’AFP Taco Dibbits, directeur du Rijksmuseum. “Nous voulions montrer cela et ouvrir une discussion à ce sujet.”
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Une chemise criblée de balles
L’exposition, présentée jusqu’au 5 juin 2022, rassemble des objets ayant appartenu à 23 témoins de la lutte pour l’indépendance de l’Indonésie. Une pièce poignante est une chemise criblée de balles ayant appartenu à Tjokorda Rai Pudak, un combattant indépendantiste indonésien de 42 ans qui a été abattu le 9 octobre 1946, au lendemain de son arrestation par une milice balinaise soutenue par les troupes néerlandaises.
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Sont également mises à l’honneur des petites aquarelles de Mohammad Toha, 11 ans à l’époque, qui a documenté le débarquement des forces coloniales néerlandaises dans la ville javanaise de Yogyakarta en décembre 1948. Les aquarelles, minuscules pour ne pas être retrouvées, montrent des bombardiers néerlandais au-dessus de la ville, des parachutistes débarquant des Pays-Bas et des victimes lors d’un enterrement.
Sujet sensible
Ces dernières années, les Pays-Bas ont finalement abordé l’héritage de leur histoire coloniale. L’année dernière, le Rijksmuseum a organisé une exposition sur l’histoire néerlandaise de l’esclavage. Mais les trois siècles d’occupation néerlandaise en Indonésie, autrefois connue sous le nom d’Indes orientales néerlandaises, reste un sujet particulièrement sensible aux Pays-Bas.
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Le mois dernier, un groupe représentant les victimes du colonialisme néerlandais a porté plainte contre le Rijksmuseum et son directeur pour un terme utilisé dans l’exposition, perçu par certain·e·s comme un vestige colonial. Le mot “bersiap” – qui signifie “soyons prêts” – a été utilisé comme cri de ralliement par de jeunes combattant·e·s indonésien·ne·s lors de leur lutte pour l’indépendance.
Le terme est toujours utilisé aux Pays-Bas pour désigner les années ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, lorsque des citoyen·ne·s néerlandais·es, chinois·es et autres soupçonné·e·s de sympathiser avec les forces coloniales étaient persécuté·e·s par les forces indépendantistes. Le groupe a déclaré qu’il s’agissait d’un “terme raciste et insultant”, discriminatoire vis-à-vis des citoyen·ne·s d’origine hollandaise-indonésienne.
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Les procureur·e·s néerlandais·es ont cependant annulé les poursuites, affirmant que le terme “dénote des événements historiques” et “ne contient aucune conclusion négative sur les Indonésiens en tant que groupe en raison de leur race”. Le roi néerlandais Willem-Alexander a officiellement présenté ses excuses en 2020 pour la “violence excessive” lors de la lutte pour l’indépendance de l’ancienne colonie néerlandaise.
Le directeur du musée, M. Dibbits, a déclaré qu’il y avait “beaucoup d’émotion” autour de la question. “De nombreuses personnes ont beaucoup souffert de la violence extrême pendant la révolution et cette douleur est encore ressentie aujourd’hui”, a déclaré M. Dibbits. “C’est très bien que ce sujet soit abordé aujourd’hui.”
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Konbini arts avec AFP.