Il a quelques jours, Banksy signait une œuvre candide, montrant une petite fille “faisant du hula-hoop avec une roue de vélo” à Nottingham. Selon les dires d’un épicier du quartier, l’artiste serait resté quelques heures le mardi 13 octobre au soir, offrant anonymement son pochoir à la ville avant de mystérieusement disparaître. Une semaine plus tard et à plus de 200 kilomètres de là, une autre de ses créations connaissait un autre sort que la fumée des pots d’échappement et les briques d’une rue. Au sein de la très chic maison Sotheby’s, la peinture se vendait 7,6 millions de livres sterling (soit 8,5 millions d’euros).
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L’œuvre en question est une parodie moderne des Nymphéas de Claude Monet intitulée Show me the Monet (un jeu de mots sur l’argent, “money“, et le nom du peintre français). Il se racontait le mois dernier que l’œuvre allait potentiellement atteindre les 5,5 millions d’euros. Ce sont deux millions d’euros supplémentaires qui ont finalement été déboursés mercredi 21 octobre à Londres, chez Sotheby’s.
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5 collectionneurs, 9 minutes et 8,5 millions d’euros
“Cinq collectionneurs déterminés” se sont disputé l’œuvre, pendant près de neuf minutes d’enchères en ligne. Il s’agit du “second plus haut prix jamais atteint” par une œuvre de Banksy dans des enchères, précise l’AFP. Le tableau date de 2005 et reprend l’une des célèbres toiles du peintre impressionniste français montrant un pont japonais au-dessus d’un bassin en fleurs.
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Dans la version de Banksy trempent désormais dans le bassin des plots de signalisation orange et un vieux Caddie, symboles des thèmes chers à l’artiste qui méprise la surconsommation capitaliste. “Banksy met ici en lumière le mépris de la société pour l’environnement face aux excès gaspilleurs du consumérisme”, a estimé dans un communiqué Alex Branczik, responsable européen de l’art contemporain chez Sotheby’s, qui voit en l’artiste originaire de Bristol un “visionnaire”.
Show me the Monet fait partie d’une série de tableaux intitulée Crude Oils (“Peintures à l’huile vulgaires”), dans laquelle l’artiste s’est amusé à détourner de grands classiques de la peinture. On y trouve une version fanée des Tournesols de Van Gogh, la Marilyn Monroe d’Andy Warhol détournée en Kate Moss ou encore des Nighthawks d’Edward Hopper, où un homme en caleçon aux couleurs du drapeau britannique caillasse la vitre du célèbre bar.
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Show me the Monet n’a pas réussi à battre le record établi en 2019 par Le Parlement des singes, qui s’était arraché à 9,9 millions de livres sterling (11,1 millions d’euros) lors d’une précédente vente aux enchères à Sotheby’s, pulvérisant l’estimation initiale de 1,5 à 2 millions de livres sterling (entre 1,7 et 2,25 millions d’euros).
La mise en scène du tableau prête à rire. Alors que Banksy souhaitait avec son œuvre dénoncer les rouages des sociétés capitalistes, son tableau a été présenté aux côtés de son nom écrit en lettres dorées et devant des cônes de signalisation d’apparat. Le titre de l’œuvre semble avoir été prémonitoire : l’argent s’est bien montré hier à Londres.
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