La France de l’après-confinement photographiée par Raymond Depardon

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Wild Bunch Distribution

"Les gens ne veulent pas voir le banal, pourtant, c’est intéressant, le banal."

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À l’été 2020, le photographe Raymond Depardon a posé sa chambre noire dans les villages méditerranéens, donnant à son exploration de la France rurale une dimension contemplative. Son exposition “Communes” au Pavillon Populaire, à Montpellier, présente ces photos jusqu’au 24 avril 2022.

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“Au sortir du premier confinement, je suis tombé sur une liste de 280 villages” du Sud qui furent concernés, il y a une douzaine d’années, par un projet d’exploitation du gaz de schiste, a expliqué Raymond Depardon.

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“Il y a une fortune dans le sous-sol”, mais la fracturation hydraulique constitue “une catastrophe”, a ajouté le photographe de l’agence Magnum, né en 1942 dans une famille de cultivateur·rice·s de Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon.

Face au tollé, le projet a été abandonné en 2011 et définitivement balayé par la justice en 2015, mais “cela peut revenir très vite”, estime le photographe. Libéré de l’immobilisme forcé du confinement, Raymond Depardon décide “tout seul” de sillonner ces zones éminemment rurales de l’Hérault, du Gard, de l’Aveyron et de la Lozère, cochant au marqueur fluorescent les villages visités.

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Délaissant les appareils légers qui permettent les clichés pris sur le vif, il pose pendant des semaines sa lourde “chambre photographique” à soufflet et trépied devant les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 ou au creux des ruelles, se forçant à prendre le temps de l’observation.

“L’idée, c’était de faire les pierres. J’avais envie de quelque chose d’un peu radical, d’un peu austère, car ces territoires ont un passé marqué par une certaine austérité” et par les vieux conflits entre catholiques et protestants, explique Raymond Depardon, qui possède une seconde résidence du côté de Lodève, dans le nord de l’Hérault.

“J’ai fait très attention à ne pas céder à la nostalgie, à l’éloge du passé”, ajoute le photographe. Ses déambulations lui ont permis de se rendre compte que derrière l’apparente immuabilité de ces paysages, la vie évolue dans ces villages où “les gens retournent vivre”. Il veut y voir une “prise de conscience des choses positives de la pandémie”.

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Plutôt que les paysan·ne·s qu’il a si souvent filmé·e·s et photographié·e·s, Depardon a donc choisi cette fois-ci de montrer un drap séchant au vent à la fenêtre d’une maison à Saint-Martin d’Orb, le vieux Café de la Paix de Mireval, une maison jouxtant une forêt profonde dans le hameau de la Muse dans l’Aveyron… “Les gens ne veulent pas voir le banal, pourtant, c’est intéressant, le banal.”