La folle histoire de ce tableau de Munch caché des nazis dans une étable

Publié le par Lise Lanot,

© Edvard Munch/Sotheby’s

Mise aujourd’hui aux enchères, cette œuvre a été sauvée à deux reprises de la menace nazie.

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C’est l’histoire d’une immense œuvre, composée de 12 panneaux, commandée par le directeur d’un théâtre d’avant-garde en 1906 au peintre Edvard Munch. Au mois de mars prochain, un de ces panneaux, le seul qui n’était pas encore exposé au musée et résidait dans une collection privée, sera vendu aux enchères par Sotheby’s. Selon les estimations, Danse sur la plage pourrait amasser entre 13,5 et 22,5 millions d’euros. Entre-temps, l’œuvre a connu plus d’un siècle de turbulences et a subi le cours de l’Histoire.

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L’installation dans le théâtre a été de courte durée puisque, dès 1912, le bâtiment a été rénové et les panneaux ont été démantelés. Curt Glaser, spécialiste et ami de Munch, alors directeur de la Kunstbibliothek berlinoise, en avait profité pour racheter Danse sur la plage. Au début des années 1930, face à la menace nazie, le Juif allemand fuit son pays natal pour les États-Unis, vendant au passage son importante collection d’art.

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Edvard Munch, Danse sur la plage (Reinhardt Frieze), 1906. (© Sotheby’s)

Quelques mois plus tard, un certain Thomas Olsen, armateur et voisin de Munch, achète l’œuvre et l’expose à bord d’un de ses navires qui faisait le trajet entre la Norvège et l’Angleterre en 1939. Lorsque l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne, Thomas Olsen veut prendre les devants et décide de cacher l’œuvre, aux côtés d’une version du Cri, note The Guardian, dans une grange de la forêt norvégienne. Si Le Cri avait déjà été vendue par Sotheby’s en 2012 – pour 110 millions d’euros, tout de même –, Danse sur la plage était restée dans la collection de la famille Olsen (pas les jumelles) depuis tout ce temps.

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La vente de l’œuvre est donc un événement, autant parce qu’elle a échappé deux fois à la menace nazie et survécu à la Seconde Guerre mondiale que parce qu’elle a appartenu à deux amis et mécènes du peintre. De plus, l’imposante œuvre encapsule parfaitement le travail d’Edvard Munch, ses formes ondoyantes, des paysages infinis et une noirceur latente. Simon Shaw, vice-président de Sotheby’s New York, ajoute que “les représentations de silhouettes dansantes sont devenues un motif récurrent du travail de l’artiste à partir de 1890”.

De plus, ajoute l’expert, deux des femmes visibles dans l’œuvre ont été des personnes particulièrement importantes dans la vie amoureuse de Munch : Tulla Larsen (avec qui il vécut une histoire passionnelle à la fin de laquelle il se tira une balle dans la main) et Millie Thaulow (son premier amour, la femme de son cousin). Ainsi, l’œuvre retrace l’histoire de l’artiste, de son travail et de l’humanité.