À l’origine de ce projet, tout d’abord, la vision de sa mère, à la plage, gênée par son ventre marqué par sept grossesses : “Je me suis rendu compte de la pression liée au fait de devoir être belle, jeune, de devoir conserver le même corps qu’à ses 20 ans. Et je me suis dit : ‘Mon Dieu, il faudrait la couronner pour avoir accouché sept fois, et au lieu de ça, on la fait se sentir mal dans sa peau.'”
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Plus tard, la photographe prend un covoiturage aux côtés d’une retraitée qui lui raconte se sentir inutile depuis qu’elle est ménopausée. Pour plaire de nouveau à son mari, elle a fait un lifting du visage et s’est refait la poitrine. En vain.
L’artiste ressort chamboulée de ces deux discussions : “J’ai ressenti l’angoisse de vieillir alors que je n’ai que 24 ans. Et ça, ça m’a beaucoup questionnée. […] Il y a une réelle pression que l’on met aux jeunes pour qu’elles restent jeunes. Comme si on n’avait pas le droit de vivre et de vieillir.”
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Représenter la diversité des corps féminins
Clélia se donne alors pour mission de mettre en lumière la beauté de ces femmes : “Moi, dans mon combat, je veux montrer à quoi ressemblent ces corps pour les libérer.” Après six mois de recherche, elle convainc un modèle de poser pour elle, non sans se délester de quelques vêtements au passage : “J’ai moi-même posé nue dans l’atelier pour pouvoir accéder au lieu et pouvoir la photographier. Donc c’était assez marrant comme début de projet.”
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Aidée par sa première modèle, la photographe voit son horizon s’élargir : “Elle m’a ouvert son carnet d’adresses et j’ai pu rencontrer d’autres femmes. Quand elles se sont rendu compte que mes photos n’étaient pas érotiques et ne représentaient pas les femmes comme des objets, que c’étaient des photos très prudes et délicates, tout à coup, plein de femmes m’ont écrit.”
Avec son argentique, Clélia les immortalise en noir et blanc, au naturel : “C’est important pour moi de ne pas faire des photos en studio et de vraiment montrer la femme dans son environnement.” Seule ombre au tableau, le manque de diversité parmi ses modèles, qui sont pour la plupart blanches. Une situation que la photographe regrette : “Ce n’est pas un choix, loin de là, mais pour le moment, les opportunités ne se sont pas présentées.”
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Sur le compte Instagram de l’artiste, les remerciements affluent, soulignant l’importance de sa démarche. Loin de s’arrêter là, Clélia se rendra bientôt en Italie pour photographier de nouvelles femmes. Son projet Belles Mômes devrait également faire l’objet d’un ouvrage.
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La série Belles Mômes de Clélia Odette Rochat est exposée au Centre culturel de Schaerbeek (Bruxelles) jusqu’au 17 avril 2022.