En avril 2018, lors d’un vol de seize heures entre New York et Taipei, John Yuyi, en pleine insomnie, s’est rendue aux toilettes pour se rafraîchir. Là, dans la cabine exiguë de l’avion, où chaque passager·ère au-dehors dormait profondément, elle eut l’envie soudaine de se prendre en photo, entièrement nue. À près de 40 000 pieds au-dessus de la mer, le caractère insolite et interdit de la situation l’amusa et la soulagea de son insomnie. Sa série Naked Selfie on Airplane est alors née.
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Pour composer ces autoportraits loufoques et totalement décomplexés, elle se munit généralement de son smartphone, porte le moins de vêtements possibles au préalable et choisit un moment opportun, où l’activité dans les toilettes n’est pas mouvementée. En moins d’une heure, elle réalise ses compositions et s’imprègne des lieux, de la lumière et des objets qui l’entourent. Du papier toilette enroulé autour de ses yeux, porté en guise de masque, enroulé autour de ses hanches, pour recouvrir ses seins ou ses fesses, le cache des toilettes posé sur la tête… Autant de mises en scène saugrenues et inhabituelles.
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De son goût pour le surréalisme et l’étrangeté humaine, elle s’amuse à symboliser le rapport au corps et à la nudité en s’affranchissant des règles de bienséance ou du politiquement correct. Elle dit explorer la relation entre un groupe de personnes situées dans un même espace clos et a la “volonté de faire quelque chose qui sort du lot et qui semble n’avoir aucun sens”.
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À l’instar de ses autoportraits nue, recouverte de tatouages éphémères, elle utilise sa peau et son corps comme un véritable outil de travail. Pour aller plus loin dans cette exploration du nu, elle a ancré son projet dans la matière, en réalisant une figurine plastique à son effigie. Conçue en collaboration avec l’artiste et confectionneur de jouets Hardleveltaro, la poupée représente l’artiste taïwanaise en plein selfie. Une énième “bizarrerie” qui la définit si bien.
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