Jeanine Michna-Bales revient en photos sur l’histoire d’esclaves en quête de leur liberté

Publié le par Lise Lanot,

Erastus Farnham House; South of Fremont, Indiana

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Dans un essai photographique, Jeanine Michna-Bales retrace le chemin de la liberté emprunté par des esclaves au 19e siècle.

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Dans la première moitié du 19e siècle, ce qu’on appelait “The Underground Railroad” correspondait à un réseau de gens et d’endroits aidant les esclaves à fuir les États esclavagistes du sud des États-Unis, afin d’atteindre les États libres du Nord. Cela est considéré comme le premier mouvement pour les droits civiques américains, “parce que cela a brouillé les frontières entre les religions, les classes sociales et les sexes en unissant les gens dans leur volonté de mettre fin à l’injustice de l’esclavage”, écrivait le militant Andrew J. Young.

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Dans un livre intitulé Through Darkness to Light: Photographs Along the Underground Railroad (“De l’ombre à la lumière : photographies le long du chemin de fer clandestin”), Jeanine Michna-Bales propose de retracer les endroits que suivaient les fugitifs. Les photos nous plongent dans cette course à la liberté. Prises de nuit, elles présentent les villes, les sites historiques et même les maisons qu’ouvraient les abolitionnistes, par lesquels passaient ces aspirants à la liberté.

Une décennie sur les traces de l’Underground Railroad

Si les images de Michna-Bales sont si puissantes, c’est parce qu’elles découlent directement de son intérêt pour cette partie de l’Histoire quand elle était enfant. La maison d’édition, Princeton Architectural Press, raconte que, petite, l’artiste vivait dans l’Indiana, dans une ville proche d’un grand nombre de ces chemins empruntés autrefois par les esclaves. L’idée de devoir marcher des milliers de kilomètres pour trouver la liberté l’a tout à fait fascinée. La photographe est tombée sur une mine d’informations (constituée de nombreux articles de journaux et de papiers de recherche) en se documentant sur le sujet, ce qui l’a conduite à pousser ses recherches sur une dizaine d’années.

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C’est un véritable voyage qu’a entrepris Jeanine Michna-Bales : dix ans à photographier des lieux plus ou moins “hantés pour toujours par les fantômes du passé”. Cette route de plus de 2 250 kilomètres commence dans les plantations de coton de la Louisiane, passe par les marais du Mississippi et les plaines de l’Indiana avant de finir plein Nord, vers le Canada. La noirceur des images évoque la peur constante ressentie par ces voyageurs de la nuit, de se faire tuer ou emprisonner, rappelle l’éditeur. Les fugitifs se faisaient guider d’un lieu sûr à un autre par des groupes clandestins.

L’ombre du passé sur notre présent

Dans son livre, qui compile ses années de recherches et de prises de vue, l’auteure a inclus des écrits de politiciens ou de militants des droits civils, tels qu’Andrew J. Young, Fergus M. Bordewich, Robert F. Darden ou Eric R. Jackson. C’est donc un projet complet qu’elle propose, elle écrit : “J’espère que ce projet illuminera les coins sombres de notre histoire commune et prouvera que lorsqu’on travaille ensemble, on peut accomplir de grandes choses.” Dans l’ouvrage, Fergus M. Bordewich suit la même pensée, en concluant son essai de la façon suivante :

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“Si la longue et affligeante histoire de l’esclavage a montré les Américains blancs dans ce qu’ils ont de pire, l’histoire de l’Underground Railroad a révélé leur courage et leur abnégation, noirs et blancs confondus, dans un modèle de collaboration interraciale, pour notre époque et celles à venir.”

Deux siècles plus tard, ces images ont une résonance toute particulière à nos oreilles, notamment en Europe, où se déplacent encore et toujours des groupes de personnes qui marchent des milliers de kilomètres à la recherche de leur liberté.