Lorsqu’on pratique la photographie depuis quelques années, on se rend bien compte qu’il y a des périodes où son travail stagne : on se repose un peu sur ses acquis et on a du mal à progresser. Ce sont des sortes de paliers à passer, des étapes où il faut sortir un peu de sa zone de confort, pour pouvoir améliorer sa production.
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C’était ce qu’il m’arrivait. Si je shoote souvent, je me rendais compte que, ces derniers temps, je faisais un peu toujours la même chose, comme une bonne vieille mécanique bien huilée : les mêmes réglages, les mêmes types de cadrages. Si je suis souvent amenée à expérimenter de nouveaux procédés ou à appréhender des situations complexes – tirer le portrait d’un artiste en deux secondes, sans préparation et dans des conditions d’éclairages parfois compliqués par exemple –, j’avais clairement l’impression que ma courbe de progression était en train de plafonner.
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J’ai donc décidé d’aller soumettre mon travail à des pros, en me rendant à la lecture de portfolio organisée par l’Union des photographes professionnels. Cette dernière avait lieu le 23 mars 2018 à la mairie du Xe arrondissement de Paris et la participation coûtait 12 euros. Le but ? Rencontrer de nombreux iconographes et professionnels de la photo pour qu’ils me fassent des retours sur mon travail.
Des retours concrets et précis
Ne m’étant jamais rendue à un événement de la sorte, je me posais plusieurs questions : sur quel support faut-il montrer son portfolio ? Sur un iPad ? Le book doit-il être imprimé ? Dans ma désorganisation la plus totale, je me suis présentée tout simplement avec mon ordinateur sur lequel j’avais chargé mon site Web et cette présentation ne semble avoir surpris personne. Je n’étais pas la seule dans ce cas-là, même si d’autres avaient privilégié le papier.
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Qu’importe le support, les professionnels présents étaient surtout là pour regarder mes images et me conseiller. En quelques heures, j’ai eu l’occasion de rencontrer quatre iconographes différents, qui ont regardé attentivement mon travail, et m’ont fait leurs retours. J’ai pu avoir à la fois des conseils très précis sur certaines de mes images au sujet du cadrage, de la lumière, ou encore de la composition, mais aussi des impressions sur l’ensemble de mon portfolio et l’unité de mes différentes séries. Ils ont souligné les points forts de mon book et pointé ses faiblesses. Ils m’ont aussi conseillé sur la manière de faire connaître mon travail, et m’ont aiguillé en m’indiquant quels clients pourraient être intéressés par mon style photographique.
Croiser les points de vue
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J’ai eu l’occasion d’enchaîner plusieurs lectures de book, ce qui a été vraiment intéressant. En effet, j’ai pu remarquer que parfois plusieurs iconographes pointaient les mêmes choses – aussi bien positivement que négativement – et qu’à l’inverse, à d’autres moments, certains n’étaient pas du tout d’accord. On me félicitait d’une part d’avoir fait un cadrage simple et efficace, quand, d’autre part, on pouvait reprocher à la même image d’être “trop simpliste”.
Par exemple, pour le portrait de François Hollande (voir ci-dessus), une iconographe m’a félicité, me disant qu’il était bien équilibré et qu’il mettait en valeur mon sujet. À l’inverse, un autre trouvait qu’il était trop “complaisant”. Pour lui, cette photo pourrait être efficace pour la communication de François Hollande, mais ne pourrait pas paraître en presse.
Recueillir plusieurs points de vue m’a permis de prendre du recul sur les différentes remarques qu’on pouvait me faire. Si, bien évidemment, je les ai écoutés avec grande attention, savoir que certains pouvaient apprécier ce que d’autres détestaient m’a permis de prendre conscience qu’il n’y avait pas “une vérité absolue” délivrée par une seule et unique autorité.
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Faire évaluer son travail nécessite forcément de mettre un peu son ego de côté, car il est possible d’entendre des choses blessantes, mais l’exercice est nécessaire et libérateur. Il permet de prendre conscience de ses points forts mais aussi de ses points faibles, et de savoir quels axes travailler pour pouvoir progresser. J’en suis ressortie motivée, avec l’envie de pratiquer plus que jamais et en tête plein de remarques pertinentes pour améliorer mes prochaines prises de vues.