C’est de manière autodidacte et libre qu’Elisa Baudoin a commencé la photographie et la vidéo. À maintenant 26 ans, elle crée, écrit et réalise des clips pour des chanteur·se·s et musicien·ne·s (qu’elle compte, pour la plupart, parmi ses ami·e·s). Après une classe préparatoire en art et quelques années au cours Florent, elle s’est vite tournée vers la photographie et la mise en scène.
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Elle puise essentiellement son inspiration des univers de réalisateurs et de peintres, de Luis Buñuel à Alfred Hitchcock, en passant par David Lynch ou bien René Magritte, laissant transparaître son goût prononcé pour l’étrangeté des genres et des situations. À sa manière, elle veut raconter une histoire, visuelle et surréaliste. Une histoire où la métaphysique meut les êtres, les émerveille, où les nuages sont des pelotes de coton et où la Lune est à portée de main.
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Son travail s’effectue exclusivement à l’argentique puisque le grain procure, selon elle, une sensation et une ambiance particulières. Du bleu tendre au rose poudré, en passant par la lavande, elle réussit à produire un imaginaire où couleurs et symboles se font multiples. Dans son monde photographique, Elisa Baudoin dépose sa marque d’une sensibilité communicative. La douceur et le symbolisme se font écho, se mélangent et s’assemblent pour créer une fresque onirique dans laquelle on se laisse volontiers porter.
Qui es-tu ?
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Je m’appelle Elisa Baudoin, j’ai 26 ans. Je suis réalisatrice et photographe, très influencée par le cinéma d’avant 1980, Jacques Prévert et le mouvement surréaliste. Cette photo a été prise sur le tournage du clip “Mon âme sera vraiment belle pour toi” de Terrenoire.
Comment te sens-tu en ce moment ?
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Plutôt super, j’ai des projets très excitants en cours et beaucoup de chance de réussir à travailler pendant cette période particulière. Je profite aussi des temps de pause pour continuer à me découvrir et dessiner des projets personnels, en total accord avec ce qui me ressemble.
Une photo qui décrit bien ton univers ?
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Cette photo a été prise lors du dernier clip de Janie. Elle décrirait bien mon univers par le contraste entre sa simplicité et sa musique. Les touches de piano en arrière-plan jouent seules grâce au vent, ce qui permet à l’image de dégager sa propre mélodie.
Quelle est ta couleur préférée ?
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Le bleu, comme les yeux d’Isabelle Adjani. C’est une photo de l’artiste Nicolas Ly vagabondant dans son quartier parisien.
Quel est ton plaisir coupable ?
Les douches très (très) chaudes, même en plein été. Pour la petite histoire, cette image est issue de la toute première pellicule que j’ai développée.
C’est quoi ton rêve le plus fou ?
Très certainement de pouvoir me dédoubler et de vivre un maximum de vies.
Et ta plus grande peur ?
À vrai dire, j’ai deux belles phobies : la peur d’être seule au milieu de l’océan et la peur de l’avion. L’immensité sans accroche, en fait.
Qu’est-ce qui te rend heureuse ?
Un apéro en été avec les copains, tout simplement. Là, il s’agit d’une photo prise lors du tournage de sessions piano pour Janie cet été.
Et qu’est-ce qui te rend triste ?
Je suis quelqu’un d’hypersensible, tout peut facilement me rendre triste : la bêtise, les injustices et l’inhumanité. Je rattrape le coup avec une photo pleine d’amour et de nostalgie (qui me rend aussi un peu triste, du coup…).
C’est quoi ta définition de la douceur ?
Je crois que celle qui en a la définition la plus exacte, c’est November Ultra. Cette photo est une capture du clip “Soft & Tender” qu’on a tourné ensemble en novembre dernier. Ça dégouline d’amour et de douceur, et c’est cadeau.
Et de l’amour ?
L’amour, c’est la bienveillance et la tendresse ; quand c’est de l’amour amoureux, avec du désir et de la sensualité. Je pense qu’on est beaucoup à être d’accord, non ? Cette photo est tirée du clip “Nuée chaude”, un de mes premiers clips.
Si tu devais être un paysage, lequel serais-tu ?
La plage de Nonza dans le cap Corse. Cette plage a vraiment quelque chose de magique. Depuis le village haut perché, on voit des inscriptions sur les galets. Cette image est tirée du clip de “Midnight Zone”, de Nicolas Ly. Juste avant de tourner cette scène, je briefais le jeune garçon en noir, lui demandant pour la prochaine prise de faire partir le parapluie, comme si une rafale de vent l’emportait. Il faut savoir qu’il n’y avait pas eu une brise de vent depuis plus d’une heure à ce moment-là…
Top action, la scène commence. L’artiste se met à courir et, au moment où il dépasse le garçon, le vent se met réellement à souffler d’un coup, retournant le parapluie et emportant le jeune homme. Long moment de silence. Quelques membres de l’équipe m’ont d’ailleurs suspectée de communiquer avec les forces de la nature.
Et si tu pouvais te réincarner, en quoi te réincarnerais-tu ?
Incontestablement en chaton, et idéalement, un de ceux du clip “Si on s’aime” d’Aloïse Sauvage. C’est un peu le rêve, non ?
Si tu pouvais te téléporter, où irais-tu, là, maintenant ?
À Capo Di Feno, dans la région ajaccienne. Tu y arrives par un chemin au milieu des montages et des champs, et un petit écriteau t’indique “le chemin le plus court vers le paradis”. Si tu le suis, tu arrives tout droit sur cette sublime plage sauvage.
Comment vois-tu l’avenir ?
Comme pour beaucoup, l’avenir, pour moi, c’est un peu flou, ça me donne le tournis. Je me concentre beaucoup plus sur l’instant présent que sur le futur. Je trouve que cette photo de Terrenoire, dont les membres sont cernés de leurs silhouettes floues, exprime plutôt bien ce sentiment de vertige.