La fondation Henri Cartier-Bresson organise une exposition dédiée à Images à la sauvette, une œuvre qui a marqué de nombreux photographes.
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En 1952, Henri Cartier-Bresson a publié Images à la sauvette, un ouvrage qui a marqué l’histoire de la photographie. Ce livre, qualifié de “chef-d’œuvre” par Cocteau ou encore de “bible pour les photographes” par Robert Capa, est actuellement mis à l’honneur par la fondation Cartier-Bresson à travers une exposition dédiée.
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L’instant décisif
Si Images à la sauvette a connu un succès retentissant, c’est tout d’abord car c’est un très bel objet d’art. Sa couverture élégante a été réalisée par Matisse, son titre est écrit à la main avec délicatesse, mais c’est surtout, la qualité incroyable de ses héliogravures, réalisées par les artisans les plus pointus, qui ont fait de l’ouvrage une référence. En imprimant de très grands formats, Henri Cartier-Bresson a décidé d’utiliser l’image comme unique forme de récit, un choix qui a permis à son livre de se démarquer et d’être particulièrement novateur.
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S’il rêvait depuis longtemps de publier un ouvrage, le photographe a attendu d’avoir une reconnaissance internationale pour se lancer dans l’aventure. C’est seulement en 1947, après avoir été exposé au Musée d’art moderne de New York (MoMa) qu’il a commencé à penser le livre avec son ami Stratis Eleftheriadis, plus connu sous le nom de Tériade – un prestigieux éditeur d’art qui travaillait notamment avec Joan Miró et Henri Matisse. Ils travailleront ensemble pendant plusieurs années pour choisir les images ou encore concevoir la mise en page. C’est d’ailleurs Tériade, qui proposa d’utiliser comme épigraphe la citation du cardinal de Retz “il n’y a rien en ce monde qui n’ait un moment décisif”. Des mots qui suivront pour toujours le travail de Cartier-Bresson, puisque la version anglophone de l’ouvrage, parue en 1952, fut intitulée The Decisive Moment et que l’expression “instant décisif” a ensuite souvent été utilisée pour qualifier ses images.
À la frontière entre interprétation intime et travail documentaire
Images à la sauvette est devenu une œuvre marquante, car l’ouvrage se situe à la croisée des chemins : à la frontière en art et reportage mais aussi entre interprétation subjective et travail documentaire. Si avant guerre le travail d’Henri Cartier-Bresson se situait dans une approche plus intime et subjective de la photographie, nous pouvons observer dès 1947 – date à laquelle il se lance dans la création de l’agence Magnum – un basculement vers une photographie plus documentaire, avec un regard plus tourné vers le monde extérieur. Conscient de la dualité qui émane de son œuvre, le photographe considère que l’objectif doit côtoyer le subjectif :
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” Il y a une interaction entre ces deux mondes qui au bout du compte ne font qu’un. Ce serait dangereusement réducteur d’accorder plus d’importance à l’un plutôt qu’à l’autre dans ce dialogue constant.”
Si aujourd’hui nous connaissons l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson principalement pour son travail de photojournaliste, son cheminement vers le reportage n’a pas été évident :
“J’avais découvert le Leica ; il est devenu le prolongement de mon œil et ne me quitte plus. Je marchais toute la journée l’esprit tendu, cherchant dans les rues à prendre sur le vif des photos comme des flagrants délits. J’avais surtout le désir de saisir dans une seule image l’essentiel d’une scène qui surgissait. Faire des reportages photographiques, c’est-à-dire raconter une histoire en plusieurs photos, cette idée ne m’était jamais venue ; ce n’est que plus tard, en regardant le travail de mes amis du métier et les revues illustrées, et en travaillant à mon tour pour elles que peu à peu j’ai appris à faire un reportage.”
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L’évolution d’un parcours photographique fascinant, à découvrir du 11 janvier au 23 avril 2017 à la fondation Henri Cartier-Bresson.