L’histoire du célèbre fond d’écran Windows

Publié le par Lisa Miquet,

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Ce fond d’écran a été vu par au moins un milliard d’utilisateurs. Retour sur une image emblématique pour toute une génération.

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Nous connaissons tous cette image, nous l’avons vue des centaines, voire des milliers de fois. Mais que savons-nous d’elle ? Qui a photographié cette colline verdoyante ? Où se situe-t-elle ? Quelles histoires cache-t-elle ? Nombreuses sont les questions que soulève cet intrigant paysage, qui fait aujourd’hui partie de notre culture commune.

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Ce fond d’écran par défaut, intitulé Bliss – qui signifie “bonheur” en français – a été diffusé pour la première fois en 2001, lors du lancement du système d’exploitation Windows XP. Il présente une vue du comté de Sonoma, en Californie, et a été photographié en 1996 par Charles O’Rear. Si Microsoft a pu habiller tous les PC d’une génération de ce paysage irréel, c’est notamment grâce à une importante invasion d’insectes dans l’Ouest américain.

Comme l’explique le site Artsy, les habitants de la Napa Valley ont passé une grande partie des années 1990 à lutter contre la propagation d’un parasite microscopique nommé phylloxéra, qui dévastait les nombreux vignobles de la région. À la fin de la décennie, plus de 50 000 hectares avaient été détruits. Si les agriculteurs connaissaient des difficultés financières, le paysage bucolique a permis à Charles O’Rear de faire fortune.

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L’une des images les plus chères au monde

En 1996, les vignobles ont laissé place à d’immenses champs à l’herbe luxuriante. Le paysage attire l’attention de Charles O’Rear, qui faisait route pour rejoindre sa petite amie près de San Francisco. Le photographe — qui travaillait déjà pour des titres de presse comme le National Geographic ou encore le Los Angeles Times – décide d’immortaliser ce paysage aux couleurs saturées.

Armé d’un moyen format et d’une pellicule Fujifilm, il prend en photo la colline et télécharge l’image sur une banque d’images en ligne appelée Corbis, lancée par Bill Gates. Quelques années plus tard, il reçoit un appel l’informant que Microsoft souhaite acheter sa photo Sonoma County pour son nouveau système d’exploitation.

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Le photographe accepte de vendre ses droits d’auteur à l’entreprise. Toutefois, il est impossible d’expédier le négatif en utilisant un transporteur comme FedEx : l’image est tellement chère qu’aucune compagnie d’assurances n’accepte de la couvrir. Charles O’Rear saute alors dans un avion pour livrer l’image en main propre au siège de l’entreprise à Seattle.

Si une clause de confidentialité interdit à l’artiste de révéler le prix du cliché, il déclare ne jamais avoir été aussi bien payé pour une image. La photo serait d’ailleurs l’une des mieux payées pour un photographe vivant, dépassée de peu par un cliché de Bill Clinton embrassant Monica Lewinsky.

Une trace dans l’imaginaire collectif

Si Charles O’Rear n’a jamais vraiment su pourquoi Microsoft s’était intéressé à sa photo, il semblerait que la multinationale ait souhaité une image se raccrochant à la terre ferme, en opposition au fond d’écran de Windows 95, illustré par les cieux. Les couleurs saturées de l’image s’intégraient aussi parfaitement à la direction artistique de l’interface.

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Fasciné par ce cliché, le duo d’artistes Goldin + Senneby a effectué des mois de recherches pour connaître les secrets de cette image, vue par au moins un milliard de personnes :

“Nous nous sommes intéressés à cette colline comme une trace de nos vies devant l’écran, comme une sorte de subconscient collectif. […]

Nous pensions beaucoup aux peintures de paysage du XIXe siècle, qui avait été si formatrices dans la production de l’imagerie de l’État-nation. Quel genre d’imaginaire ce paysage mondialisé a-t-il produit ?”

Poussant la démarche jusqu’au bout, les deux artistes sont retournés sur les traces de Sonoma County, et ont réalisé la même image, une décennie plus tard. Le paysage, transformé, laisse apparaître de nouvelles vignes et un temps nuageux :

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“Il est intéressant de voir que les gens se souviennent toujours de cette image. L’idée d’avoir une même photo standardisée pour le bureau de chaque ordinateur dans le monde semble si ancienne aujourd’hui. C’était bien avant le Web social et sa conception algorithmique. […]

N’importe où sur cette planète en ce moment, si vous arrêtez quelqu’un dans la rue et que vous montrez cette image, on va vous dire ‘je l’ai déjà vue quelque part’. Je pense que ça va être éternel.”

De la Corée du Nord à la Maison-Blanche, la photographie de Charles O’Rear a su conquérir le monde. Bien plus qu’un simple cliché d’une colline californienne, cette image est aujourd’hui dépassée par son pouvoir symbolique, véritable allégorie de la démocratisation de l’informatique et de l’entrée dans l’ère du numérique.