Keith Haring, c’est davantage que son “radiant baby”, ses œuvres cotées aux enchères et exposées en galerie ou son attrait pour l’effervescence des nuits new-yorkaises. Keith Haring, c’est aussi et surtout l’amour viscéral de l’art, accessible à tou·te·s ; un militantisme chevillé au corps et une liberté de ton et d’esprit éternelle.
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L’histoire, courte mais intense, d’un des plus célèbres street artistes du XXe siècle est relatée dans une bande dessinée sous forme de lettre d’amour à Keith Haring et à sa façon d’avoir mené sa vie, son art et ses combats. Keith Haring, le street art ou la vie, de Paolo Parisi, se divise en trois parties chronologiques : 1958-1977, 1978-1986 et 1987-1990.
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Les pages défilent une dominante de trois couleurs, de noir et de blanc, comme un clin d’œil à la simplicité si efficace du travail de Keith Haring. Le personnage du peintre est représenté avec ses célèbres lunettes, qui cachent la plupart du temps son regard, comme pour le tenir à distance, marquer son génie, sa différence d’avec le commun des mortel·le·s.
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La première partie retrace l’enfance de Keith Haring en Pennsylvanie, à Kurtztown, “une petite ville de province [où] il ne se passait pas grand-chose d’intéressant”, son amour pour le dessin transmis par son père et, dès l’adolescence, son intérêt grandissant pour les choses du monde, “tout ce qui se passait en dehors de Kutztown : la guerre du Vietnam, Nixon, la crise économique…”.
N’est pas passé sous silence le penchant de Haring pour les psychotropes en tout genre et, surtout, pour le monde de la nuit. Des penchants qui prendront tout leur sens lors de l’arrivée du street artiste à New York. Il y fera des rencontres décisives (comme l’artiste Kenny Scharf, un de ses “amis les plus proches”, Jean-Michel Basquiat, Tony Shafrazi, ou encore Andy Warhol) et poursuivra ses expérimentations artistiques mêlant photo, vidéo, peinture et graffiti.
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L’art comme force politique
Ses premiers pas dans le graff sont expliqués à la lumière de sa volonté de rendre son art accessible – d’ailleurs, son travail dans les rues colle à peu près à ses premières toiles, comme en réaction à cela, comme une envie de “faire des choses pour les gens”. Dans les tunnels du métro, il tague à la craie blanche ses célèbres silhouettes, dont son “radiant baby”, pour un public composé des “millions de personnes qui traversaient quotidiennement New York”.
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Affirmant la portée politique et militante de l’art, il distribue des affiches pour la libération de l’Afrique du Sud, il peint sur le mur de Berlin, s’engage pour les droits LGBTQ+, la justice sociale, contre les violences policières et l’épidémie du sida. Il insiste sur l’accessibilité de l’art “en dehors du circuit habituel des galeries et des musées”. Si la bande dessinée se termine par une ellipse, celle de la mort de Keith Haring, le souffle de fin est bien un souffle d’espoir, qui appuie le pouvoir de l’art comme un élan vital.
“Un jour, […] j’ai lu une interview de George Condo, un peintre que j’adore. On lui demandait ce qui était le plus important entre la vie et l’art. Selon lui, c’était l’art, parce qu’il est immortel. Cette réponse m’a touché en plein cœur.
Car quelque chose me dit que soit j’ai déjà le sida, soit je vais l’attraper un de ces quatre. C’est pour ça que j’accorde tant d’importance à mes projets en ce moment. Pour en faire le plus possible, le plus vite possible. Ce qui compte, c’est ce qui restera de moi après ma mort. Donc ça vaut le coup que j’y sacrifie tout mon temps et mes loisirs.”
Keith Haring, le street art ou la vie de Paolo Parisi est publié chez Hugo Publishing.
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