Jusqu’au 6 janvier 2019, l’Atelier des Lumières met à l’honneur trois expositions immersives qui vous plongeront dans une douce rêverie.
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Inauguré le 13 avril dernier, l’Atelier des Lumières, premier centre d’art numérique parisien, a débuté sa première programmation sur les chapeaux de roues : une queue longue d’une heure, un espace bondé en continu et trois superbes installations.
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C’était certainement l’espace d’expositions qui manquait à la capitale. Situé dans une ancienne fonderie de 2 000 mètres carrés construite en 1835, ce lieu ne peut qu’avoir des ambitions monumentales et ne peut que voir les expositions en grand avec ses 3 300 mètres carrés de surface d’exposition, ses murs hauts de 10 mètres et ses 140 vidéoprojecteurs. On peut rajouter que 3 000 images sont mises en mouvement dans une grande halle et dans un studio, ou ça a déjà suffi à vous convaincre ?
En permanence, trois expositions seront visibles dans l’espace. Les trois expositions ambitieuses et impressionnantes sont programmées jusqu’en novembre 2018 : l’une propose une balade dans l’œuvre du peintre Gustav Klimt et d’Egon Schiele ; une autre s’intéresse au travail du peintre et architecte viennois Friedensreich Hundertwasser au XXe siècle, lui-même inspiré par Gustav Klimt ; et la dernière signée Ouchhh, plus contemporaine, nous offre un voyage visuel et musical créé par une intelligence artificielle.
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Avec ces trois projets, l’Atelier des Lumières veut créer un pont entre les arts et les époques dans une ère déjà bien ancrée dans la création numérique. Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, les réalisateurs chargés d’animer ces œuvres sur toutes les surfaces, des murs au sol, expliquent :
“Grâce à la dématérialisation des œuvres d’art, nous souhaitons offrir au public la possibilité de vivre l’art différemment, en se situant au cœur de l’œuvre. […] Nous souhaitons que le visiteur conserve sa liberté de perception et d’interprétation dans un espace où ses mouvements et déplacements intègrent l’exposition.
Immerger le public dans une œuvre tridimensionnelle permet d’amplifier la dimension émotionnelle, pour l’inviter à adopter une attitude plus participative.”
Et ils n’ont pas tort. On a vu beaucoup de téléphones se lever puis se baisser aussitôt, car la grande majorité a préféré profiter du spectacle. Même si l’installation est totalement instagramable, il n’y a que comme cela que l’on vit réellement l’expérience qu’elle offre. C’est en se baladant et en sollicitant notre ouïe et notre vue que l’on peut rester attentifs à la musique et aux murs qui nous entourent et qui se dessinent. Finalement, c’est combattre le mal par le mal : c’est avec le numérique qu’on tue le numérique. C’est avec l’art numérique immersif qu’on fait enfin lever les yeux des visiteurs de leurs écrans.
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Bruno Monnier, à l’origine de l’ouverture de l’Atelier des Lumières, poursuit :
“Le rôle d’un centre d’art est de décloisonner, et c’est pourquoi le numérique doit prendre sa place dans les expositions du XXIe siècle. Mis au service de la création, il devient un formidable vecteur de diffusion, capable de créer des passerelles entre les époques, de faire vibrer les pratiques artistiques entre elles, d’amplifier les émotions, de toucher le plus grand nombre.
[…] Je suis convaincu que, de plus en plus, on s’approprie l’art par l’expérience d’immersion et par les émotions qu’elle procure. Le mariage de l’art et du numérique est à mon avis l’avenir de la diffusion auprès des générations futures, capable de s’adresser à un public plus jeune et plus large que celui des musées classiques.”
Klimt à l’honneur
Centré sur les représentants majeurs de la scène artistique viennoise pour ce cycle d’expositions initial, le premier programme long diffusé dans la grande halle de l’Atelier nous plonge dans l’univers de Gustav Klimt. Cette expo marque le centenaire de sa disparition, ainsi que celle d’Egon Schiele.
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Sur des murs de différentes tailles, dans une salle tapissée de miroirs et dans un bassin d’eau situé dans l’espace, le visiteur parcourt l’œuvre de Klimt à travers plusieurs thématiques : le néoclassicisme viennois ainsi que la période de la Sécession ; le cycle d’or du peintre, la nature et les femmes dans ses œuvres ; et une partie sur l’influence de Klimt sur Egon Schiele et ses paysages mentaux.
Le tout est accompagné d’une musique pensée par Luca Longobardi, sortant de 50 enceintes et qui passe de Wagner à Beethoven, de Chopin à Puccini pour finir sur du Philip Glass : “La musique illumine nos yeux et enrichit notre regard qui grâce à elle peut aller plus loin et plus en profondeur. Soit en syntonie, soit en contrepoint avec les images. J’aimerais qu’elle apporte à l’exposition numérique l’élan que la Sécession a apporté à la peinture”, raconte Gianfranco Iannuzzi.
C’est une véritable lecture ludique de son œuvre et une redécouverte insolite du maître à travers ses portraits, ses nus, ses paysages, ses dorures, ses couleurs et les artistes qu’il a inspirés. Cette expérience immersive retrace ici un siècle de peinture viennoise.
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Préparez vos oreilles et vos yeux, parce que c’est vraiment beau. En tant que visiteur, on se sent tout de suite baigné dans le monde du peintre autrichien, et on a l’impression de ne faire qu’un avec ses œuvres qui s’animent devant nos yeux, comme s’il donnait encore des derniers coups de pinceau.
Notre coup de cœur : l’œuvre intersidérale de Ouchhh
Avec des accents très cinématographiques, le duo d’artistes turcs Ouchhh nous a fait voyager dans un océan technologique et onirique. Quand la projection a commencé, on avait l’impression d’être avec Hans Zimmer dans une galaxie de data, située quelque part entre l’espace et Internet. Visible jusqu’au 31 août 2018, leur projet POETIC_AI a recours à l’intelligence artificielle utilisée dans le processus de création visuelle. Cette œuvre est ainsi composée grâce à un algorithme qui définit les formes, la lumière et le mouvement.
Cette approche questionne la place de l’artiste dans la création dite technologique, et assistée par intelligence artificielle. Une interrogation à laquelle répond l’exposition “Artistes et Robots” en ce moment au Grand Palais : l’artiste amène l’idée et le robot l’exécute. C’est dans l’idée que l’artiste trouvera toujours sa place. Trêve de théorie, pour POETIC_AI, il suffit de regarder et d’écouter pour se noyer dans une mer de chiffres, de lignes et de constellations de signes.
“Gustav Klimt” et “Hundertwasser, sur les pas de la Sécession viennoise”, expositions jusqu’au 6 janvier 2019 à l’Atelier des Lumières (Paris). “POETIC_AI” est à voir jusqu’au 31 août 2018.