C’est dans les couleurs chaudes d’une oasis saoudienne que se dressent les œuvres éclectiques de 14 artistes contemporain·e·s arabes. Vieille de 7 000 ans et classée au patrimoine mondial de l’Unesco, l’oasis AlUla se situe dans la province de Médine au nord-ouest de l’Arabie saoudite. Son horizon est jalonné de reliefs archéologiques précieux : rochers aux airs de grands canyons, hameaux abandonnés, arches panoramiques… Jusqu’au 7 mars 2020, cette attraction artistique fait fleurir le tourisme du pays.
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Organisé par la biennale californienne “Desert X” – opérant notamment à Coachella – et le gouvernement saoudien, “Desert X AlUla” a la prétention de “donner la parole à une pluralité de voix […] et de créer des ponts et dialogues culturels entre les artistes saoudiens et venant du monde arabe en général”. La conservation a été assurée par les deux Saoudiens Raneem Farsi, Aya Alireza aux côtés du directeur artistique américain Neville Wakefield. Ces derniers assurent qu’aucune censure ne leur a été imposée quant au choix des créations exposées.
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“L’objectif est de présenter des expositions publiques artistiques qui répondent aux conditions désertiques, environnementales et des communautés locales ; de promouvoir les échanges favorisant le dialogue entre différentes cultures d’un point de vue artistique, historique, sociétal ; et fournir une plateforme accessible aux artistes du monde entier pour aborder des thématiques écologiques, spirituelles, culturelles et existentielles”, développe le site de l’événement bien conscient de son héritage.
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Entre deux monuments naturels s’érigent donc des installations impressionnantes qui jouent avec l’interactivité et la perception du public, à l’instar du tuyau tout en miroirs de Nasser AlSalem et des balançoires de Superflex. Parmi les dunes et les tempêtes de sable, les pierres colorées de Mohammed Ahmed Ibrahim redessinent l’architecture naturelle du lieu tandis que le travail de Sherin Guirguis dénote.
Des questions morales se posent
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Le fait de participer ou non à cette représentation amène pourtant à questionner son éthique. C’est le cas de la sculptrice américano-égyptienne Sherin Guirguis qui a déclaré avoir été tentée de boycotter le festival à cause de la politique répressive qui continue de sévir au sein du pays :
“Il n’y a rien dans les livres historiques qui rendent compte du récit d’artistes femmes égyptiennes. En tant qu’artiste, en tant que femme, en tant qu’artiste et femme arabe, je devais accepter cette proposition afin d’apporter plus de visibilité à notre travail”, a-t-elle confié à l’Independent.
De leur côté, les créatifs de Superflex ajoutent avec naïveté : “Nous pensons que l’art a le pouvoir de changer le monde, à travers le collectif.” Si les artistes sont plutôt confiant·e·s, ce n’est pas le cas des critiques d’art qui comparent avec véhémence cette collaboration “moralement corrompue” au fait de “mettre du rouge à lèvres à un cochon”. Nul besoin de préciser que cette manifestation artistique est ultra-instagrammable et que le gouvernement n’a pas hésité à inviter bon nombre d’influenceur·se·s pour parfaire sa propagande.
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