En mémoire de Virgil Abloh, retour sur cinq projets phares de sa carrière d’artiste

Publié le par Lise Lanot,

© Virgil Abloh ; J. Lee/FilmMagic

En plus de son travail en tant que styliste, l’artiste touche-à-tout Virgil Abloh s’est épanoui dans l’art contemporain.

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Dimanche 28 novembre 2021, Virgil Abloh est décédé des suites d’un cancer “contre lequel il se battait secrètement depuis des années”, a rapporté la maison LVMH. Connu en tant que styliste pour Louis Vuitton, créateur de sa marque Off-White, mais aussi proche de Kanye West (il a été directeur artistique de son album Watch The Throne), Virgil Abloh a également laissé son empreinte dans le monde de l’art contemporain, collaborant avec nombre d’artistes, de marques et de musées. En sa mémoire, retour sur cinq projets phares ayant marqué la carrière artistique du styliste touche-à-tout.

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Un artiste multidisciplinaire

En 2019, le musée d’art contemporain de la ville de Chicago consacrait à Virgil Abloh sa première exposition solo : “Figures of Speech”. L’exposition qui, depuis, voyage dans le monde a été pensée sous forme de rétrospective en l’honneur de la carrière multidisciplinaire de l’artiste.

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Ses travaux multimédias, musicaux, architecturaux et picturaux y sont réunis dans un espace immersif. Les sculptures sortent du sol, les rangées de baskets côtoient les tableaux grand format, et des vidéos sont diffusées en boucle contre le mur. De quoi entrer littéralement dans l’univers d’un artiste qui n’a fait qu’abattre les cloisons.

© Virgil Abloh Art Studio and Design Practice/The Gymnastics Art Institute/Qatar Museums

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Rire du reste du monde avec Takashi Murakami

Avant qu’on lui offre sa première exposition solo, Virgil Abloh avait déjà eu le loisir de voir ses œuvres exposées. En 2018, ses collaborations avec Takashi Murakami étaient présentées dans plusieurs galeries européennes. Amoureux des détournements mordants et ironiques, les deux artistes proposaient des travaux reprenant leurs codes à chacun.

Le logo d’Off-White, la marque du styliste états-unien, était agrémenté des fleurs multicolores de l’artiste contemporain japonais. Le duo, précisait alors Vogue, s’était également amusé à revisiter les peintures baroques du peintre de la Renaissance italienne Gian Lorenzo Bernini, à l’instar de son autoportrait de 1623, “métamorphosé en un poster de rue rose et noire déchirée et abîmée par le temps”. Une preuve supplémentaire qu’il est nécessaire de s’amuser de tout, surtout de ce qui tente d’être sérieux.

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© Takashi Murakami

Virgil Abloh et Léonard de Vinci, même combat ?

En 2019, le musée du Louvre célébrait les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci. En plus d’une exposition-événement consacrée à l’œuvre du génie de la Renaissance, ainsi qu’une expérience de réalité virtuelle permettant de “rencontrer” La Joconde, le musée parisien présentait une collection capsule créée par Off-White, afin de célébrer “la vie et l’œuvre de cet artiste visionnaire”.

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Jamais à court d’idées, Virgil Abloh avait alors imaginé des T-shirts et hoodies portant les signes distinctifs d’Off-White – “tels que le positionnement du logo et les flèches en losange”, précisait le Louvre – agrémentés d’œuvres de Léonard de Vinci, à l’instar de La Vierge aux rochers, La Vierge à l’enfant avec sainte Anne, et des dessins de l’artiste, notamment ses nus masculins.

© Off-White

L’artiste confiait alors sa fascination de longue date pour Léonard de Vinci : “Cette passion est née lorsque j’ai étudié l’art pendant ma dernière année à l’université du Wisconsin. J’admirais non seulement son travail artistique mais aussi l’influence qu’il a eue sur d’autres disciplines : la science, l’ingénierie, l’architecture… Il incarne selon moi l’esprit de la Renaissance.”

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À travers cette nouvelle collection, Virgil Abloh réaffirmait son souhait de “créer une collision fertile entre ces deux mondes qui semblent si différents : la mode et les beaux-arts”. Il en profitait pour se rapprocher du peintre légendaire en rappelant que, selon lui, Léonard de Vinci avait été le premier artiste à incarner une démarche de croisement des disciplines, tandis qu’il essayait “de vivre selon le même principe”, mélangeant les cultures et les media.

© Off-White

Virgil Abloh et la folie des tapis

Après avoir repéré la réinterprétation de son emblématique fourre-tout de plastique bleu “Frakta” par Virgil Abloh, Ikea invitait le designer à réaliser une ligne de meubles et d’objets de décoration destinés à l’aménagement d’un premier appartement par un jeune adulte”. En plus d’un cale porte rouge triangulaire, d’une chaise aux formes minimalistes, ou encore d’un meuble de rangement en bois et en verre, la collection présentait deux tapis ayant fait grand bruit : le premier, gris, porte l’inscription “Keep off”, tandis que le deuxième, rouge, était estampillé du mot “Blue”.

Stars de la collection, les tapis se revendent encore aujourd’hui à prix d’or et avaient donné suite à de nouveaux exemplaires à inscription. L’un d’eux affichait notamment un ticket de caisse Ikea. Connu pour son “approche des trois pour cent”, qui consiste à dire qu’on crée quelque chose de nouveau en ne modifiant que de 3 % un concept déjà existant, Virgil Abloh proposait une redéfinition plutôt souple de la création artistique pas toujours acceptée par le reste du monde de l’art.

© Virgil Abloh x Ikea

Un pied dans la mode, un pied dans la musique

Si l’homme avait de nombreuses amours, la mode et la musique faisaient sans doute partie de ses domaines fétiches. Proche de Kanye West, Virgil Abloh a conçu plusieurs de ses pochettes, dont Yeezus, Watch the Throne, ou My Beautiful Dark Twisted Fantasy. Il a également collaboré avec d’autres musicien·ne·s, mais l’histoire a notamment retenu sa création pensée pour le projet posthume de Pop Smoke, qui voulait lui-même que son ami réalise la pochette de Shoot for the Stars, Aim for the Moon.

Malheureusement, la création est loin d’avoir fait l’unanimité, et les critiques n’avaient pas tardé à pleuvoir sur les réseaux. Lors de la sortie officielle de l’album, une nouvelle cover, signée Ryder Ripps, accompagnait le CD. Une preuve qu’on ne peut pas tout réussir – ou se faire aimer de tout le monde, selon comment on voit la chose.