En images : la prise surréaliste et chaotique du Capitole par des manifestants pro-Trump

Publié le par Astrid Van Laer,

© Win McNamee/Getty Images/AFP

Hier soir, ces images spectaculaires ont stupéfait le monde entier.

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Les téléspectateur·rice·s du monde entier ont assisté à des scènes inimaginables hier à Washington : des partisan·e·s de Donald Trump ont envahi le Capitole, temple de la démocratie américaine, interrompant la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden.

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Certain·e·s supprémacistes blanc·he·s exhibaient fièrement des drapeaux des États confédérés d’Amérique et des internautes ont comparé les moyens déployés pour des manifestant·e·s Black Lives Matter avec ceux déployés pour cette “insurrection”.

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Après une coupure de plusieurs heures, le Congrès a repris en soirée le processus de certification de la victoire du démocrate, en rejetant, au Sénat puis à la Chambre des représentants, les objections d’élu·e·s républicain·e·s visant les résultats de la présidentielle dans l’État de l’Arizona.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Drew Angerer/Getty Images/AFP)

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Mais les débats prenaient de nouveau du retard, des élu·e·s républicain·e·s exigeant d’examiner la régularité de l’élection en Pennsylvanie. Joe Biden avait dénoncé, un peu plus tôt depuis le Delaware, un climat d’“insurrection”.

Élu·e·s portant des masques à gaz ou membres des forces de l’ordre en civil arme au poing : les images prises de l’intérieur du majestueux bâtiment situé au cœur de la capitale fédérale américaine marqueront sans aucun doute l’histoire. Elles resteront à jamais associées à la fin de mandat tumultueux de Donald Trump, qui apparaît désormais extrêmement isolé dans son propre camp.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Win McNamee/Getty Images/AFP)

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Depuis des mois, il refuse d’accepter sa défaite et souffle sur les braises de la division en brandissant des théories du complot. Des militaires de la Garde nationale ont été envoyé·e·s à Washington pour rétablir le calme après plusieurs heures d’extrême tension. Un couvre-feu est entré en vigueur en fin d’après-midi dans la ville, où l’état d’urgence sera prolongé durant deux semaines.

Au milieu de la confusion, une femme a été mortellement blessée dans le Capitole par un tir de la police de Washington. Cette résidente du sud de la Californie s’appelait Ashli Babbitt et était une ardente partisane du président Donald Trump.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Jon Cherry/Getty Images/AFP)

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Trois autres personnes ont perdu la vie dans le secteur de la colline du Capitole mercredi, mais la police s’abstient pour l’instant de lier directement ces décès aux violences.

Lors d’une allocution au ton grave, Joe Biden, qui s’installera à la Maison-Blanche le 20 janvier 2021, a dénoncé une attaque “sans précédent” contre la démocratie américaine. Il a appelé Donald Trump à s’exprimer “immédiatement” à la télévision pour réclamer “la fin du siège” du Capitole et de cette “insurrection”.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Saul Loeb/AFP)

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Je vous aime”

En guise d’allocution solennelle, le président américain s’est contenté de quelques tweets et d’une brève vidéo dans laquelle il a demandé à ses partisan·e·s de se tenir à l’écart de la violence et de “rentrer chez eux”. “Je vous aime. […] Je comprends votre douleur”, a-t-il cependant ajouté, évoquant une nouvelle fois une élection “volée”.

La vidéo a été retirée peu après par Facebook qui a jugé qu’elle “contribuait aux risques de violence”. Le réseau social a par la même occasion décidé de bloquer le président américain pendant 24 heures. De son côté, Twitter a également supprimé la vidéo, a bloqué le compte du président pour douze heures et l’a menacé de suspension permanente, des mesures sans précédent.

© Capture d’écran du compte Twitter de Donald Trump

Le seul des prédécesseurs républicains de Donald Trump encore en vie, George W. Bush, a dénoncé des scènes de chaos dignes d’une “république bananière”. Pour Barack Obama, ces violences sont “un moment de déshonneur et de honte” pour l’Amérique.

“Scènes honteuses”

Ces images ont suscité également l’indignation à travers le monde. Berlin a appelé les pro-Trump à “cesser de piétiner la démocratie”. Londres a pour sa part dénoncé des “scènes honteuses”. Le président français Emmanuel Macron a appelé à ne rien céder face à “la violence de quelques-uns” contre les démocraties.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Roberto Schmidt/AFP)

Intervention remarquée : le chef de l’Otan Jens Stoltenberg a dénoncé des “scènes choquantes”, martelant que le résultat de cette élection démocratique devait être “respecté”. Ignorant le chaos au Congrès, le Dow Jones a toutefois terminé sur un nouveau record.

Selon la US Capitol Historical Society, c’est la première fois que le Capitole a été envahi depuis que le bâtiment avait été incendié par les troupes britanniques en 1814. Dans un geste extraordinaire qui restera probablement dans les livres d’histoire, Donald Trump avait choisi de défier le Congrès en réunissant des dizaines de milliers de ses supporteur·rice·s à Washington.

À cette occasion, il s’en est pris avec une extrême virulence à son propre camp. Les ténors républicains sont “faibles” et “pathétiques”, a-t-il lancé sous un ciel chargé de lourds nuages, à des dizaines de milliers de supprémacistes blanc·he·s. “Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais” la défaite, a-t-il martelé, mettant la pression sur son vice-président Mike Pence pour qu’il “fasse ce qu’il faut”.

“Trop c’est trop”

Le vice-président Mike Pence, le 6 janvier 2021. (© Erin Schaff-Pool/Getty Images/AFP)

Avant que les débats ne sombrent dans la confusion, Mike Pence avait bien commencé à présider la session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui doit officialiser le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.

Selon la Constitution, son rôle, essentiellement protocolaire, consiste à “ouvrir” les certificats envoyés par chacun des cinquante États pour transmettre les votes de leurs grands électeurs. Certain·e·s élu·e·s républicain·e·s avaient émis des objections aux résultats de l’élection dans certains États, mais d’autres ont indiqué, après les incidents violents, se désolidariser de cette démarche.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Saul Loeb/AFP)

Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a martelé à la reprise que le Congrès ne se laisserait pas “intimider”. Le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche allié de Donald Trump, a de son côté annoncé qu’il cessait d’emboîter le pas du président. “Ne comptez plus sur moi. Trop c’est trop”, a-t-il dit.

Et, selon certains médias américains, des ministres du milliardaire républicain ont discuté de la possibilité d’invoquer le 25e amendement de la Constitution, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président “inapte” à exercer ses fonctions.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Michael Nigro/Sipa USA)

Le Sénat désormais démocrate

Ces violents incidents sont intervenus au lendemain de deux élections partielles en Géorgie remportées par les démocrates, qui ont ainsi repris le contrôle du Sénat aux républicains. Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l’Histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet État du Sud traditionnellement conservateur.

Quant à Jon Ossoff, il a remporté la deuxième sénatoriale cruciale en Géorgie. À 33 ans, il va devenir le plus jeune sénateur démocrate depuis… Joe Biden en 1973. Les démocrates auront donc cinquante sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aura le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.

Capitole, le 6 janvier 2021. (© Win McNamee/Getty Images/AFP)
Capitole, le 6 janvier 2021. (© Tasos Katopodis/Getty Images/AFP)

Konbini news avec AFP