Contempler une œuvre d’art, c’est se confronter à un univers de techniques, d’histoires, de réflexions, d’émotions uniques. Qu’ils nous scandalisent ou qu’ils nous émeuvent, les chefs-d’œuvre ont des personnalités propres qui suscitent des sentiments multiples. Afin de célébrer l’art sous toutes ses formes, on s’est demandé à quel signe astrologique correspondaient quelques-unes des grandes créations de ces derniers siècles.
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Bélier : Alberto Giacometti, L’Homme au doigt
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Le Bélier est le premier signe du calendrier du Zodiaque, c’est avec lui que l’année commence. Il s’agit donc d’un signe porteur d’initiatives. Il crée de façon impulsive, porté par sa passion, sans passer trop de temps à cogiter, au risque de voir s’éteindre la flamme qui l’habite. L’Homme au doigt d’Alberto Giacometti partage cette fougue. Il a suffi d’une nuit “de ferveur créative” pour que la sculpture prenne vie.
Leader né, le Bélier fait son effet en dirigeant de façon honnête, passionnée et frontale. Ici, L’Homme au doigt, créé en 1947, après la Seconde Guerre mondiale, pointe avec dynamisme et puissance un futur plus brillant et lumineux. Lors d’une exposition consacrée à l’artiste à New York en 1948, l’œuvre, introduisant son style radicalement innovant, a fait sensation. Elle a été reconnue des années plus tard comme l’une des réussites sculpturales les plus importantes de l’ère moderne.
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Taureau : Camille Claudel, La Valse
Signe de terre gouverné par Vénus, déesse de l’amour et de la beauté, le Taureau est un signe sensuel et créatif. À l’écoute de son corps, de ses besoins et de ses désirs, il fait de son plaisir une priorité et tend à vivre l’instant présent. Il y a de cette philosophie dans La Valse de Camille Claudel. Sculpture majeure de l’artiste, élaborée sur plusieurs années rythmées par sa relation passionnée et tumultueuse avec son maître Auguste Rodin, elle marque les esprits par sa volupté.
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La première version de celle-ci mettait en scène deux amants en pleine étreinte, dansant complètement nus. Une représentation jugée indécente pour l’inspection des Beaux-Arts qui lui reprocha la promiscuité des deux sexes. Par la suite, l’artiste rajoutera des draperies en marbre à mi-corps. Le temps semble s’arrêter autour de ce couple – dépouillé de marqueurs temporels comme de vêtements –, dont les sentiments et la posture prennent une dimension universelle. Les amants semblent emportés dans un tourbillon qui semble ne jamais s’arrêter. Seul l’instant compte, comme chez le Taureau.
Gémeaux : Jeff Koons, Balloon Dog
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Le Balloon Dog est l’une des sculptures les plus connues de Jeff Koons. Faite de métal étincelant, elle est la réplique monumentale des chiens en ballons de baudruche confectionnés pour les enfants. Une sculpture solide et lourde, qui joue sur les contrastes en imitant un jouet léger et fragile, susceptible d’être détruit à tout moment.
Les Gémeaux sont de grand·e·s communicant·e·s, capables de créer des œuvres qui vont faire parler d’elles et devenir virales. Ce signe sait aussi très bien s’adapter à son interlocuteur·rice ou au milieu dans lequel il baigne. Comme les travaux de Jeff Koons, qui suscitent toujours de vives réactions, qu’ils soient exposés au château de Versailles, à Beaubourg, sur des sacs de marque ou dans les films de Ben Stiller.
Cancer : Louise Bourgeois, Maman
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Le Cancer est un signe tourné vers son foyer et celles et ceux qui le composent : sa famille de sang ou choisie. Doté d’une grande intelligence émotionnelle, il déborde d’empathie et n’est pas du genre à laisser les autres sur le carreau. Bien au contraire. Très attentif au bien-être d’autrui, ce signe consacre beaucoup d’énergie à protéger les personnes qu’il aime et à construire un espace sécurisant. Ce qui n’est pas sans rappeler Maman, la sculpture en forme d’araignée géante de Louise Bourgeois.
Comme son nom l’indique, cette sculpture est un hommage à sa mère dont elle était très proche. Quand cette dernière est décédée, Louise Bourgeois, qui n’avait que 21 ans, a tenté de mettre fin à ses jours, tellement elle était affectée par sa perte. Les liens entre la mère et l’araignée sont multiples. Comme la figure maternelle (et le Cancer), l’araignée est protectrice. La sculpture cache d’ailleurs sous son corps 26 œufs en marbre qu’elle tient éloignés du danger, du haut de ses dix mètres. Elle aime se loger dans le foyer et, avec ses toiles, nous débarrasser des parasites. Ici, l’idée de la toile est particulièrement forte quand on sait que la mère de Louise Bourgeois travaillait dans la restauration de tapisseries.
Lion : Niki de Saint Phalle, Les Nanas
Le Lion vit sa vie avec éclat et passion. Représenté par le Soleil, centre du Système solaire, il se montre radieux, chaleureux et confiant. Il aime s’exprimer de façon créative et grandiloquente, de manière à attirer l’attention. C’est le cas de Niki de Saint Phalle et de ses Nanas, créatures joyeuses et fantasques qui défient la pesanteur avec des postures inattendues mais pleines de vie.
Ces sculptures de femmes géantes, décorées de motifs vibrants et de couleurs vives, se dessinent tout en rondeur. Les symboles de la féminité que peuvent représenter la poitrine et les fesses sont exacerbés. Tranchant avec les œuvres précédentes de l’artiste, ces femmes sont plus libres, plus festives et exubérantes. Elles ne manquent pas de force et de profondeur pour autant. Comme le Lion qui se bat pour ce qui lui semble noble et juste, les Nanas soutiennent leurs sœurs en occupant l’espace et sont “plus grandes que les hommes pour pouvoir leur tenir tête”.
Vierge : Rachel Whiteread, Ghost
La Vierge fait preuve d’une forte capacité d’analyse, de réflexion et d’organisation. Cet atout lui permet de toujours trouver des solutions à ses problèmes et à ceux des autres. Malheureusement, elle peut aussi avoir l’esprit occupé et soucieux, incapable de laisser place au vide. Ce signe retient l’énergie au lieu de la laisser aller. Cette façon de procéder rappelle, d’une certaine manière, le travail de l’artiste Rachel Whiteread, qui remplace le vide par le “plein” dans ses créations.
C’est notamment le cas avec l’œuvre Ghost, qui reproduit en plâtre l’intérieur d’un salon victorien. Avec ce concept innovant, l’artiste crée un objet de la taille d’une pièce à partir d’un espace négatif. Whiteread explique qu’elle “momifie l’air dans la pièce”, matérialisant ce qui n’est plus là ou, du moins, ce qui est impalpable comme un souvenir, une atmosphère ou une histoire, l’empêchant de se disperser dans l’inconnu.
Balance : Yayoi Kusama, Life of the Pumpkin Recites, All About the Biggest Love for the People
Enfant de Vénus, comme le Taureau, la Balance bénéficie de pas mal d’avantages, comme l’harmonie, la volupté et la beauté. Ces adjectifs ne vous font peut-être pas penser à une citrouille, mais c’est ce que semble y voir l’artiste japonaise Yayoi Kusama quand elle en fait une sculpture gonflable géante. Pour l’artiste, il ne s’agit pas d’un légume comme les autres puisque sa famille en cultivait. Ainsi, elle raconte : “J’étais enchantée par leur forme charmante et attirante. Ce qui m’intéressait le plus, c’était le généreux manque de prétention de la citrouille. Et aussi son solide équilibre spirituel.”
Au sujet de cette sculpture monumentale, Yayoi Kusama déclare qu’elle “souhaite partager le message d’amour et de paix de [son] art”. Une philosophie propre au signe de la Balance, qui cherche l’harmonie et la paix et qui se situe dans la continuité du travail sur les pois de Kusama. Ce motif récurrent qui décore la sculpture représente les êtres humains. Chaque pois ne pouvant se suffire à lui-même, il requiert la présence d’autres pois. L’idéal d’une société dans laquelle chaque être aide et soutient les autres.
Scorpion : Damien Hirst, For the Love of God
Le Scorpion n’aime pas rester en surface. La vérité, l’inconnu et l’obscurité ne lui font pas peur. Au contraire, il aime les explorer quand d’autres préfèrent s’en détourner. Cela rappelle l’œuvre For the Love of God de Damien Hirst, dont le titre s’inspire d’une expression prononcée par sa mère, choquée par le projet artistique de son fils : “Pour l’amour de Dieu.” La sculpture est une réplique en platine d’un crâne humain datant du XVIIIe siècle, sertie de 8 601 diamants.
Alchimiste du Zodiaque qui jongle entre destruction et création, le Scorpion va prendre ce qu’il y a de plus sombre et le transformer, comme Damien Hirst. Avec ce projet, l’artiste se rapproche de la vanité, un genre artistique qui nous ramène à notre propre mortalité et à la fugacité de l’existence. Il nous met face à la vérité mais au lieu de rendre cela trop solennel, il donne un aspect étincelant à cette vie après la mort, dans le sillage des traditions aztèques et mexicaines, qui déguisent la mort pour la rendre plus supportable.
Sagittaire : Kehinde Wiley, Rumors of War
Connecté à la connaissance et la croyance, le Sagittaire cherche à en savoir plus sur le monde qui l’entoure et à ouvrir son esprit et celui des autres. Pour lui, il est important d’élargir ses horizons afin d’initier un système plus inclusif où se côtoient différentes philosophies, croyances, cultures et idées. On peut trouver dans l’œuvre colossale de Kehinde Wiley, Rumors of War, un peu de ce signe flamboyant. Dévoilée à New York en 2019, cette statue de plus de huit mètres de haut représente un jeune homme noir conquérant à cheval, coiffé de dreadlocks et vêtu d’un hoodie, d’une paire de jeans et de baskets.
Avec cette sculpture, l’artiste dénonce l’existence de nombreux monuments américains à la mémoire des États confédérés et de l’esclavage, qui excluent l’expérience des Noir·e·s américain·e·s. Cette œuvre est une réponse artistique aux relents racistes que communique la présence de ces statues. Connu pour son portrait de Barack Obama, Wiley expliquait qu’il était important de dire “oui à l’inclusion”. “Nous disons oui à des notions élargies de ce que signifie être Américain·e.”
Capricorne : Michel-Ange, David
Le Capricorne n’est pas rapide mais il est ambitieux. Plutôt que des éclats flamboyants, des moments de ferveur ou de sursauts créatifs, il s’impose dans la durée par un travail de longue haleine et une bonne dose de patience. Comme la petite chèvre qui escalade la montagne, il gravit les obstacles les plus durs pour arriver aux pics les plus élevés du succès, à la manière du David de Michel-Ange.
Il faut dire que sa création n’était pas une mince affaire. Il s’agit, à la base, d’un bloc de marbre étroit et plein de défauts qui a attendu bien longtemps avant d’être taillé. Beaucoup d’artistes ont tenté de sculpter le bloc mais ont échoué à le dompter. Tous, sauf Michel-Ange, qui est venu à bout de la bête en trois ans, créant au passage l’une des œuvres les plus importantes de l’histoire de l’art. Ce David pas comme les autres tranche avec ses précédentes représentations. Massif et robuste, il ne ressemble pas aux modèles androgynes du passé, ce qui lui permet de se démarquer un peu plus.
Verseau : Marcel Duchamp, Fontaine
Avant-garde et Verseau vont bien ensemble. En effet, ce signe est celui des rebelles, de celles et ceux qui n’entrent pas dans les cases et qui ont besoin de défier l’ordre établi. Il y a beaucoup du Verseau dans la Fontaine de Marcel Duchamp, urinoir acheté par l’artiste et signé de son pseudonyme “R. Mutt”. Comme ce signe d’air qui aime interroger le monde qui l’entoure, Duchamp souhaite tester les limites d’un salon d’art organisé par la Society of Independent Artists ayant pour devise : “Pas de jury, pas de prix, accroché par ordre alphabétique.”
Il propose son œuvre mais elle est refusée par le comité de sélection. Il demande à l’un de ses amis, riche collectionneur, de réclamer la Fontaine de Richard Mutt, ce qui va donner de l’ampleur à son travail et l’occasion de questionner l’art et le métier d’artiste. Duchamp veut démontrer qu’une grande partie de l’art d’avant-garde produit possède moins de sens que beaucoup d’objets quotidiens. Il suffit de les placer dans une galerie d’art, attachés à un nom et un auteur pour qu’ils deviennent ce qu’on considère comme des “objets d’art”. Avec son urinoir, Duchamp va mettre au monde l’une des œuvres d’art les plus controversées du XXe siècle.
Poissons : Auguste Rodin, Orphée et Eurydice
Les Poissons sont dotés d’une grande intelligence émotionnelle. Ainsi, ce signe arrive à percevoir ce que la plupart des gens ont du mal à voir et il constitue un mystère pour beaucoup. Toujours un peu dans les nuages, les Poissons luttent contre leur dualité. Une partie d’eux tente de suivre un schéma de vie normal et réaliste, quand l’autre partie cherche à s’en échapper, peu apte à la résistance et à la discipline. Le mythe d’Orphée et Eurydice, interprété par le sculpteur Auguste Rodin, nous rappelle ces traits.
Ayant perdu sa bien-aimée Eurydice, Orphée obtient du maître des Enfers, Hadès, de pouvoir la ramener à la vie à condition de ne pas se retourner tant qu’il n’aura pas atteint la lumière. La scène représentée par Rodin se situe juste avant ou juste après le dénouement : Orphée se cache les yeux pour ne pas être tenté de se retourner ou désespère en comprenant qu’il a condamné Eurydice en se retournant pour la regarder, inquiet de ne pas l’entendre. Le geste d’Orphée, immortalisé par Rodin, se rapproche de ce signe d’eau qui a du mal à suivre les parcours imposés.
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