Des souris qui squattent un grenier deviennent les stars d’une série photo

De retour de Londres où il était parti filmer les renards urbains durant dix jours, Pierre Boillaud s’est découvert de nouveaux colocataires. Dans le faux plafond de son grenier, trois souris qui s’étaient installées durant son absence ont fait germer l’idée d’un nouveau projet : accueillir les rongeurs chez lui, et les immortaliser dans de petites mises en scène quotidiennes.

Il essaie dans un premier temps de les prendre en photo sur leurs zones de passage en les laissant prendre leurs quartiers, mais comprend rapidement que les souris, un peu trop à l’aise, commencent à entamer les réserves de nourriture.

Pour éviter qu’elles ne viennent dans ses placards, le photographe installe de quoi boire et manger directement dans le grenier, où il tente de les capturer sur le vif. Sauf que tirer le portrait de Mickey, Minnie et Jerry – ainsi nommés par le photographe – s’avère plus compliqué que prévu.

“Je me suis dit c’est un comble, je vais photographier les renards urbains de l’autre côté de la Manche mais je ne suis pas capable de faire des photos de souris dans le grenier !” Pierre Boillaud change alors de mode opératoire et installe un trépied, un objectif et une barrière de déclenchement qui active l’appareil photo à chaque mouvement détecté par le laser.

Harcourt miniature

“Je les ai familiarisées avec le studio photo pour qu’elles n’aient pas peur de venir, et j’ai installé plusieurs scènes de vie puisque je savais qu’elles se rendaient dans plusieurs endroits. Je ne les ai pas dressées, mais fortement incitées à venir sur les scénettes que je créais pour elles. Elles venaient boire tous les jours, donc chaque jour, je changeais quelque chose aux décors”, retrace le photographe.

Les souris posent sur un piano, un tonneau, à côté de pièges à souris désactivés avec une affiche d’Amnesty International en arrière-plan… Attentif aux moindres mouvements des petits rongeurs dont il apprend à connaître les habitudes, celui-ci finit par remarquer la présence d’un quatrième protagoniste, un rat qu’il nomme Ragotte.

Après sept mois à prendre des clichés de la petite famille façon studios Harcourt pour rongeurs, le photographe capture ses nouveaux colocataires à l’aide de cages avant de les relâcher dans la nature.

Pour Pierre Boillaud, ce projet intitulé Souris à la vie est aussi un moyen de sensibiliser à la nature et à la protection de la faune : “Il existe des pièges non létaux pour les souris, que l’on trouve facilement sur Internet. Une souris qui passe dans un placard ou une araignée qui fait sa toile sur un plafond ne méritent pas la peine de mort.”