Les raisons d’adopter une poupée thérapeutique sont multiples. Si les sex dolls sont plus réputées, les reborn dolls et la communauté des Reborners le sont moins. Ces poupées-bambins servent parfois à faire un deuil d’enfant, à adoucir une solitude ou l’annonce d’une infertilité.
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Dans Mother Love (“Amour maternel”), Jamie Diamond s’est intéressée à cette communauté de personnes partageant leur quotidien avec des bébés factices faits de vinyle, de daim, de verre et de couches de peinture. Animée par des thématiques liées au “désir humain, à l’intimité, au réel organique et à l’imaginaire synthétique”, la photographe américaine a collaboré avec des artisanes et amatrices de poupées thérapeutiques hyperréalistes.
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“Travailler avec cette communauté m’a permis d’explorer la zone grise entre réalité et artifice, où les relations se construisent autour d’objets inanimés, entre l’humain et la poupée, l’artiste et l’œuvre, l’illusion et le réel”, explique-t-elle, ajoutant que pour bien comprendre cette pratique, elle a décidé de devenir une personne possédant une poupée thérapeutique (ou “Reborner”), elle-même.
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Rappelons que l’artiste avait déjà abordé ce type de relations mère-enfant plastique dans sa série I Promise to Be a Good Mother (“Je promets d’être une bonne mère”). Pour Mother Love, elle a donc divisé son projet en plusieurs sous-parties (“Nine Months of Reborning”, “Amy”, “Forever Mothers”, “Bitten Apple Nursery”, “Jesus Heads”, “Harper & Arnold Print Works Dolls”) qui racontent pas à pas son immersion au sein de la communauté, les premières poupées qu’elle a conçues et vendues sur eBay, ses portraits de faux nourrissons et ses collaborations avec les “doll artists” sur le thème de l’Enfant Jésus.
Dans la sous-partie qui nous intéresse, Forever Mothers, Diamond présente des femmes tenant tendrement leurs poupées thérapeutiques – créées par leurs soins ou collectionnées – dans leurs bras, dans des porte-bébés, sur leurs genoux, toujours avec dignité.
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“Maman Cherry, maman Laurel, maman Marilyn, maman Brenda, maman Kia”… Les raisons qui ont mené ces mères Reborners à entretenir une relation avec un bébé artificiel ne sont jamais mentionnées par la photographe, mais on peut deviner à leurs regards la lourdeur et le deuil qu’elles portent en elles.
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