Il y a deux ans, l’artiste plasticienne Nora Simon débutait Histoires doubles, un “projet de collage urbain” imaginé dans l’idée de “faire surgir du beau dans l’espace public”. C’est en lorgnant du côté d’un “magazine de beaux-arts longtemps délaissé” que l’artiste a décidé d’“interroger l’accès à la culture” au moyen de sa paire de ciseaux et de ses connaissances en histoire de l’art.
Publicité
Depuis ces débuts instinctifs, Nora Simon a réalisé plus d’une centaine de collages qu’elle disperse à travers Paris. Sur des feuilles de papier grand format, elle fait se rencontrer, à la main, des reproductions d’œuvres qui lui plaisent “d’un point de vue esthétique ou historique, pour leur beauté et pour le sens qu’elles portent”.
Publicité
“J’aime travailler avec les images et j’aime surtout le papier. Le découpage manuel a été une évidence pour moi car dans ce geste minutieux, demeure un côté artisanal, plus prompt à rendre hommage à la peinture et particulièrement aux maîtres du passé”, nous confie-t-elle.
Publicité
Les “histoires doubles” de Nora Simon se forment au gré de ses instincts et inspirations. Elle pioche dans sa malle aux trésors d’images “en attente de leurs paires” afin de créer de nouveaux récits qui font la part belle à la fiction autant qu’à une “cohérence” iconographique – en termes de “couleurs, touches, échelle”, précise-t-elle.
En revisitant et plaçant dans la rue des œuvres datant parfois de plusieurs siècles, l’artiste mêle temporalités et perspectives afin de “raconter des histoires qui résonnent avec les problématiques contemporaines” comme les “violences faites aux femmes, enfance, maternité et l’enfermement”.
Publicité
Un “aller-retour entre la grande histoire de l’art et les petites histoires qu’on se raconte dans nos têtes”
Avec ses créations urbaines et éphémères, l’artiste, sensible à “la sociologie des publics de l’art” après avoir travaillé dans “les musées et le monde de l’éducation”, veut faire sortir l’art de l’entre-soi des musées et l’emmener face aux regards du plus grand nombre.
Publicité
“J’aime croire que mes collages, au-delà de leur esthétique, peuvent raconter quelque chose d’autre aux passants lorsqu’ils les croisent. Histoires doubles, c’est un aller-retour entre la grande histoire de l’art et les petites histoires qu’on se raconte dans nos têtes, ces nouveaux scenarii que l’on imagine quand on découvre mes images. Mon projet plaît souvent beaucoup aux amateurs d’art, mais j’ai à cœur qu’il touche ceux qui ne sont pas experts, juste parce que les histoires que je leur raconte leur ‘parlent'”, nous exprime-t-elle.
Préparant actuellement une nouvelle série de son projet sur “les peintres femmes et leur place dans la société”, elle insiste également sur la façon dont Histoires doubles lui permet de se “réapproprier de manière très subjective l’histoire de l’art longtemps dominée par les hommes”. Plus qu’injecter du “beau dans l’espace public”, Nora Simon propose une échappatoire au quotidien et invite poésie, histoire et politique sur les murs de la ville.
Publicité
Vous pouvez retrouver Histoires doubles sur Instagram et Nora Simon sur son site.